Ayant envie d’une bande dessinée où il pourrait parler du rugby de son enfance dans le Sud-Ouest et qui soit dans la lignée de son « Magasin général » réalisé avec Régis Loisel — évocation du quotidien des habitants d’un petit village qui nous a transmis tant de baume au cœur ! —, Jean-Louis Tripp a proposé à Aude Mermilliod de la coécrire avec lui. Le triptyque « Les Vents ovales » est le résultat de cette belle collaboration et nous plonge, avec délices, dans la ruralité française des Trente Glorieuses. C’est une magnifique fresque humaine et sociale aux personnages attachants, à la fois drôle et émouvante, où le rôle des femmes est largement mis en avant : notamment dans ce premier tome de 120 pages dessinées avec talent par Horne, dont le trait précis et rigoureux s’adapte parfaitement à l’esprit aussi profond que léger du propos.
Lire la suite...« C’est pas du Van Gogh mais ça aurait pu… » par Bruno Heitz
Quand il n’illustre pas des livres pour la jeunesse ou ne sculpte pas de petits objets en bois, Bruno Heitz réalise de succulentes et burlesques bandes dessinées douces-amères, aussi grinçantes qu’immorales. Sorti fin octobre, au milieu d’une déferlante de parutions (dont de nombreux « blockbusters »), cet opus haut en couleurs risquait de passer inaperçu : c’est pourquoi nous n’hésitons pas à le mettre bien en avant cette semaine !
Reprenant le personnage de Jean-Paul qu’il avait déjà mis en scène dans le non moins excellent « J’ai pas tué de Gaulle mais ça a bien failli » (voir « J’ai pas tué de Gaulle mais ça a bien failli »), cet auteur au trait minimaliste et au ton décalé dépeint, une fois de plus, cette société rurale d’une France de l’après-guerre qui vivait, sans le savoir, ses dernières heures.Notre héros, pas foncièrement mauvais mais quand même un peu marlou sur les bords, se cache chez sa tante de Lorraine, histoire de passer tranquillement l’hiver. Bien mal lui en prend, car il y va être confronté à un secret de famille bien enfoui ! Étant bien décidé à récupérer la fortune mystérieuse de feu l’oncle Georges, Jean-Paul qui, de toute façon, commençait à s’ennuyer un peu, va encore s’attirer des ennuis et pas des moindres !!! En effet, l’affaire va le mener en Arles où il met à jour un trafic de faux Van Gogh, organisé par des bonnes sœurs pas si catholiques que ça, car encore moins scrupuleuses que lui… Entre polar et humour, cette enquête n’est pas avare en rebondissements de tous poils ! Même si le dessin ne peut pas vraiment être qualifié de virtuose, il est particulièrement efficace et la narration, toute en tendresse, contribue à cette délicate atmosphère surannée qui en fait son charme incomparable…
Gilles RATIER
« C’est pas du Van Gogh mais ça aurait pu… » par Bruno Heitz