Par les temps qui courent, il est rare qu’un éditeur se lance dans une saga aux allures classiques prévue en plusieurs volumes. Pourtant, Futuropolis a déjà financé les scénarii des six ouvrages nécessaires à l’épopée de « L’Ange corse », lesquels sont d’ores et déjà écrits, et les trois premiers opus sortiront en l’espace d’une seule année… Rien que pour cela — mais pas que… —, saluons la parution du premier tome de « L’Ange corse » : l’histoire d’un orphelin corse qui doit s’expatrier dans l’Indochine des années 1930, pour échapper à une vendetta. Le jeune insulaire est recueilli, à Saigon, par un riche commerçant et propriétaire terrien natif d’Ajaccio : mais sous sa façade respectable, cet homme, bien installé, trempe dans le proxénétisme et le trafic de stupéfiants…
Lire la suite...« Aller-retour » par Frédéric Bézian

Chaque album de Frédéric Bézian est un petit joyau et cet album, très introspectif (qui traite principalement des réminiscences), n’échappe pas à la règle. Cependant, malgré l’attrait immédiat que l’on peut ressentir face à un graphisme hachuré de mieux en mieux maîtrisé, ce voyage dans le temps et dans les souvenirs, sur fond de polar, n’est pas très facile d’accès ; mais faîtes un effort, vous allez tomber sous le charme…
Ce sont soixante-douze pages en noir, blanc et gris qui sont englobées dans six pages en couleurs (trois au début et trois à la fin), comme pour mieux nous signifier qu’elles s’apparentent à la rêverie : la couleur étant réservée à la réalité. Un homme, très grand par la taille, voyage en train. Arrivé en gare, à peine avait-il posé le pied sur les quais que « les spectres vinrent à sa rencontre » : les souvenirs lui reviennent en mémoire, alors que l’irruption du noir et blanc nous porte, forcément, à ce que Bézian appelle la « dé-réalité ».
Une fois en ville, le voyageur (qui s’appelle Basile Far) se présente comme le détective d’une agence d’assurance. Même s’il refuse, pour l’instant, toute conversation, on comprend très vite qu’il revient sur « les lieux du crime », ceux de son enfance qu’il a quittés depuis longtemps. Une étrange machinerie mentale se met alors en place : la vision du décor visité sur le moment par l’adulte se mélangeant à celle dont il se souvient quand il était gamin…
Manifestement, l’auteur des « Garde-fous », de la trilogie « Adam Sarlech » ou de « Chien rouge – chien noir » nous propose ici un album vraiment très personnel, qu’il situe d’ailleurs sur le lieu de sa propre enfance : du côté de Carcassonne. Il nous y parle de musique, de cinéma (les références au film « Maigret et l’Affaire Saint-Fiacre » de Jean Delannoy, où Jean Gabin jouait le rôle du célèbre commissaire, sont notamment très nombreuses), de sons, de rêves et d’une certaine nostalgie : une nostalgie dont son personnage a visiblement besoin de faire le deuil, dès les premières pages. Il semblerait que l’auteur, lui aussi, en avait besoin pour ne pas tomber dans la complaisance. Or, le plus beau compliment que l’on peut faire à ce premier chef-d’œuvre de l’année, c’est que, justement, il ne l’est absolument pas… : complaisant !
Gilles RATIER
« Aller-retour » par Frédéric Bézian
Éditions Delcourt (16,95 €) – ISBN : 978-2-7560-2305-2
Nous avons adoré lLe graphisme, le scénario compliqué , la typographie difficile, ne nous a pas aide à nous faire plaisir sur cet album!!! La bonne lecture de la semaine fut sans conteste le « Nocturnes » de Clarke….