Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« Juarez » par Corentin Rouge et Nathalie Sergeef

En s’appuyant sur un fait ayant réellement existé (depuis 1993, dans la petite ville frontière de Ciudad Juarez, point de passage principal du trafic de drogue des États-Unis, des milliers de cadavres de femmes ont été retrouvés), la scénariste Nathalie Sergeef nous propose un premier album coup-de-poing !
Et on sent qu’elle a une nette préférence pour les classiques du genre « aventure »… ; d’ailleurs, il se trouve que son deuxième scénario est dans la même veine (il s’agit d’un western australien que nous avons déjà chroniqué ici : « Down Under » T1 (« L’Homme de Kenzie’s Rivers ») par Fabio Pezzi et Nathalie Sergeef), ce dernier étant sorti un petit peu avant son premier bébé.
Il faut dire que cette enquête trouble, à l’ambiance lourde et menaçante, ne propose pas moins de soixante-six pages bien remplies où un jeune et mystérieux garçon revient dans cette ville qui l’a vu grandir pour retrouver sa sœur récemment disparue. Quelques mois plus tôt, elle avait rejoint une association qui s’oppose aux trafiquants de drogue, aux policiers complaisants et aux avocats véreux pour faire la lumière sur ces assassinats ignobles. Cette histoire de vengeance et de corruption va donc nous faire découvrir le côté sombre du Mexique, au sein de cette cité réputée pour être la plus dangereuse du monde… Comme quoi, dans le domaine de l’horreur, la réalité peut malheureusement dépasser la fiction…
Si l’intrigue est fort bien menée et si la révélation finale est vraiment surprenante, nul doute que les dessins dynamiques de Corentin Rouge sont un atout supplémentaire non négligeable… Déjà responsable d’un mémorable thriller aux Humanoïdes associés (« Milan K. », dont on attend la suite avec impatience), cet élève de François Boucq et fils de Michel Rouge (le dessinateur qui a repris « Comanche » ou « Marshall Blueberry » et qui vient justement, lui aussi, de sortir une nouveauté chez le même éditeur (1)) nous prouve, une fois de plus, qu’il est bien l’un des jeunes espoirs de la bande dessinée réaliste franco-belge.
Il réussit très bien à faire respirer graphiquement ce one-shot pourtant très dense et à imposer son revigorant style épuré et minutieux à la fois, notamment en donnant des gueules mémorables à ses différents protagonistes ; ce qui les rend identifiables au premier coup d’œil. Voilà qui n’est pas donné à tous les dessinateurs réalistes, même à certains qui sont bien plus expérimentés que lui…
Gilles RATIER
(1) Il s’agit du premier tome de « Kashmeer » (« La Danse de Kali »), sur un scénario de son ami Fred Le Berre : un thriller géopolitique qui nous mène de Paris au Cachemire.
« Juarez » par Corentin Rouge et Nathalie Sergeef
Éditions Glénat (14,95 €) – ISBN : 978-2-7234-8213-4