Avec la complicité habituelle de Doug Headline (le fils du célèbre écrivain), le Grand Prix d’Angoulême en 1990 s’est attaqué avec brio à une nouvelle mise en images d’un roman noir de la figure tutélaire du polar francophone : Jean-Patrick Manchette. Il s’agit, après « Morgue pleine » (déjà adapté en BD par les mêmes auteurs), de la seconde — et donc dernière ! — enquête du détective privé Eugène Tarpon. Elle est parue en 1976 dans la collection Super Noire des éditions Gallimard et elle fut tournée pour le cinéma sous le titre « Pour la peau d’un flic » par et avec Alain Delon, en 1981. Drôle et efficace, « Que d’os ! » imbrique de patibulaires personnages hors normes dans des situations plus qu’improbables.
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LE SENS DE LA VIE
Titeuf, le copain des cours de récrés, fait sa rentrée en même temps que les écoliers. En pleine forme, le jeune personnage de Zep se permet même, pour la promotion de ce douzième recueil de gags, de figurer sur les « culs » des bus parisiens dans une situation qui ne l’honore guère, mais ne choque plus grand-monde : la figure pleine de bouse de vache après avoir fait exploser un pétard dans celle-ci ! Une preuve, s’il en fallait encore une, de son ancrage plus qu’établi dans la vie quotidienne non seulement des enfants, mais aussi des adultes.
Les adultes, il faut le souligner, ne sont d’ailleurs pas absents de ce nouvel album. On les y retrouve dans des situations souvent drôles mais aussi très graves, développées par Zep avec une sensibilité digne de son exceptionnel talent. L’auteur aborde ainsi les conséquences de la délocalisation économique ou encore de la dépression le long de quelques planches dispersées dans l’album, traitant ces problématiques sous formes de raccourcis foudroyants de lucidité ; le tout, bien entendu, à travers la vision naïve, décalée et pleine de fraicheur de Titeuf.
L’humour potache, celui qui fait sourire d’horreur, est évidemment également au rendez-vous, notamment dans les conditions scolaires de Titeuf et de sa bande, qu’on retrouve au complet et inchangée. Pas tout à fait, en réalité, car si le jeune héros de Zep ne vieillit pas, ce n’est pas le cas de son cousin Thierry. Celui qui lui a appris à placer les pétards dans les bouses de vache ne veut plus perdre son temps à jouer mais peut passer une heure à attendre une fille juste pour la croiser. Quelques indices pour comprendre ce brusque changement de comportement : Thierry est difficilement audible lorsqu’il s’exprime, écoute en permanence son Mp3 et a le visage couvert de boutons …
Vous l’aurez compris . Avec « Le sens de la vie », Zep nous montre qu’il sait toujours se renouveler sans perdre de cette spontanéité qui a fait son succès et dont tous ses lecteurs se régalent. Nous y compris !
Laurent TURPIN
Titeuf tome 12 – Le sens de la Vie – Editions Glénat – 9,40€