Un premier voyage dans les Terres australes et antarctiques françaises — retranscrit dans le très bel ouvrage « Voyages aux îles de la Désolation » — n’a pas rassasié le dessinateur Emmanuel Lepage (1) : 12 ans après, en 2022, il embarque à nouveau pour les îles Kerguelen. N’ayant pas pu, lors de sa première excursion, vivre au plus près le quotidien de tous ceux qui travaillent sur cet archipel au relief montagneux d’origine volcanique, situé au sud de l’océan Indien, il y reste cette fois-ci deux mois et demi : s’attachant donc plus aux personnes qui partent avec lui, tout en montrant les changements déjà à l’œuvre sur la nature, en raison du réchauffement climatique. Du beau, écologique et humaniste, voire quasiment poétique, récit de voyage en BD !
Lire la suite...« Rappi Rangai » T1 &T2 par Hosana Tanaka
Pour les Européens, le Japon médiéval est source de dépaysement. Il n’en est pas de même pour les Japonais, cela fait partie de leur patrimoine culturel. Du coup, Hosana Tanaka ayant situé son manga « Rappi Rangai » dans un univers de samouraï et de ninja, il a ajouté de nombreuses séquences loufoques, afin d’en faire une oeuvre divertissante et dépaysante. Le tout, bien évidemment, agrémenté d’une dose minime de fans service pour capter un public essentiellement masculin. Bref, le public ciblé est parfaitement identifié : les jeunes garçons japonais.
L’histoire, c’est celle de Raizô, un jeune auquel le lecteur peut facilement s’identifier. Il est totalement immature et a la particularité d’être né avec une corne de démon sur le front. Cela lui vaut mépris et rejet du reste de la population. S’il s’en accommode, c’est surtout le dégoût que les filles ressentent à sa vue qui le peine beaucoup. Vivant seul, loin du village, il doit survivre par ses propres moyens. Un beau jour, dans une rivière, il aperçoit une belle jeune fille noyée. Il entreprend de lui vider les poumons de l’eau ingurgitée, mais également de la déshabiller pour pouvoir la couvrir d’une serviette sèche pour qu’elle ne tombe pas malade. À son réveil, la jeune fille, choquée et blessée dans son amour propre, lui apprend qu’elle est l’une des trois ninjas censées protéger le dernier descendant du clan Katana.
Elle le reconnaîtra facilement puisqu’il a une corne sur le front. Raizô comprend qu’elle est à sa recherche et ne peut qu’apprécier les attentions d’une telle beauté. Ce qu’il réalise également, c’est qu’elle doit le protéger contre les assassins du clan Seigan Kabuki qui cherche à décimer le sien en le tuant et, donc, en éliminant son dernier représentant. Mais elle a une arme secrète : une force décuplée dès que l’homme qui l’aime, en l’occurrence Raizô, pose ses yeux sur elle lors des combats.

Comme vous pouvez le constater, le pitch est des plus loufoque. Qui pourrait être un héritier de cette valeur sans le savoir ? Quelle armée ne serait composée que de femmes plus voluptueuses les unes que les autres ? Qui oserait revêtir une tenue de combat laissant la moitié du corps dévêtu ? Peut-être le héros et ses acolytes Ninja (kunoichi) censé le protéger ? Même si l’histoire ne semble pas très consistante, la mise en forme du récit fait que cela reste très agréable à lire. Certains enchaînements sont un peu tirés par les cheveux, mais participent au spectacle. Toutefois, il faut bien garder en tête que tout ce qui se passe dans ces pages reste extrêmement chaste. Rien ne dépasse, tout est suggéré et c’est l’imagination du lecteur qui fait le reste.

Le premier volume sert d’introduction à la quête et l’action ne se met pas immédiatement en place. En revanche, on ne perd pas de temps dans le second tome. Dés l’introduction de la quatrième Kunoichi, qui n’est autre que la soeur cadette de Kagari, on découvre rapidement qu’elle a des intentions qui ne sont pas aussi pures que ce que l’on aurait pu imaginer. De quoi relancer le pseudo suspens et l’avalanche de quiproquos ou de combats gentillets. L’avantage est que rien n’est pris au sérieux dans cette série. Si les personnages sont dessinés de manière assez réaliste, on est pourtant plus proche de la caricature et de la dérision. Les héroïnes, censées protéger le héros, sont aussi maladroites, vénales et vicieuses les unes que les autres. L’humour ne fait pas dans la finesse, c’est indéniable. L’univers médiéval n’est ici exploité que dans le but de rendre spectaculaires les combats au sabre ou à mains nues : une manière supplémentaire de faire s’affronter des filles prêtes à faire fantasmer le jeune public.
Une chose est certaine, c’est que tout au long des neuf volumes composant la série, les amateurs de jolies filles un peu nunuches seront comblés : un beau graphisme, une quête à rallonge, un héros auquel il est facile de s’identifier. Tous les ingrédients du shônen à succès sont bels et bien exploités.
Gwenaêl JACQUET
« Rappi Rangai » T1 &T2 par Hosana Tanaka
Éditions Pika (7,05 €) — ISBN : 978-2-8116-1025-8
RAPPI RANGAI © 2006 HOSANA TANAKA / KODANSHA LTD..


















