Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« Julius Corentin Acquefacques » T6 (« « Le Décalage ») par Marc-Antoine Mathieu

Déjà, une histoire qui commence sur la couverture, ce n’est pas courant. Si, en plus, elle enchaîne directement sur le deuxième chapitre où on constate que le héros est ailleurs, mais pas dans le livre, et qu’au beau milieu du bouquin six pages sont totalement déchirées, avouez qu’il y a de quoi surprendre le lecteur de bande dessinée lambda ! D’autant plus qu’on ne connaîtra le début de l’histoire, qu’à la fin du livre…
Il faut dire que l’auteur, Marc-Antoine Mathieu, est un habitué de ce genre de facéties, son imagination fertile s’amusant régulièrement avec les codes et les potentiels de la narration figurative.
Du même coup, il crée, à chaque fois, un événement dans le monde du 9e art, ne se privant pas de nous parler philosophie, sciences, métaphysique et logique.
Ainsi, avec ce bien nommé « Décalage », où son héros Julius Corentin Acquefacques est censé être de retour, il aborde, par exemple, la question du temps qui passe, tout en tentant de définir les espaces « rien » et « infini ».
En effet, comme à son habitude, Julius a fait un rêve vraiment bizarre qui va influencer la réalité : vu qu’il a passé le mur du temps. Or, comme il est absent de ce récit qui commence, lui-même, à disparaître, les autres protagonistes se retrouvent, quant à eux, dans des espaces temps différents, comme celui de l’« infiniment rien ». Le lecteur, lui, va donc découvrir une histoire qui est déjà démarrée, et qui se trouve évidemment décalée par rapport au récit initial : vous suivez ?
Entre rêve et réalité, à l’instar d’un Fred et son « Philémon », l’auteur du « Dessin » et de « Dieu en personne », autres chefs-d’œuvre graphiques et narratifs, continue, sans se limiter dans ses délires, à creuser son propre sillon. Et ils sont finalement assez peu, dans la BD, à faire œuvre personnelle de façon aussi forte et convaincante ou à réaliser, à chaque nouvel opus, un véritable tour de force !
Gilles RATIER
« Julius Corentin Acquefacques » T6 (« « Le Décalage ») par Marc-Antoine Mathieu
Éditions Delcourt (14,30 €) – ISBN : 978-2-7560-3108-8