Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
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Julien Boisvert est né bédégraphiquement parlant en 1989. Mais il porte bien son nom et reste vert puisque les éditions Delcourt rééditent ses aventures, quatre tomes qui côté voyages valent… le déplacement ! En mettant les pieds en Afrique, puis au Mexique, à Guernesey, enfin aux Etats-Unis, Julien nous a bien « baladés », de 1989 à 1995, mais pas seulement…
Julien Boisvert travaille à l’Office de Protection Internationale des Cultures. C’est un petit fonctionnaire, un trentenaire gentil, indiscutablement. Il part en mission humanitaire, en Afrique, au « Nyasso » pour superviser le déplacement d’une tribu semi-nomade. Suite à un accident d’avion dans le désert, il découvre la tribu Fuldaabé. Les illusions humanitaires qu’il avait s’émoussent très vite d’autant qu’il découvre aussi l’amour. L’amour d’une femme d’une autre race, ce qui n’est pas rien. Dès lors, sensible et concerné, en plus de devoir supporter le racisme vis-à-vis des populations locales, l’exploitation du continent noir considéré comme une poubelle pour déchets toxiques achève de l’écœurer.
Au deuxième tome, Julien Boisvert s’installe à Guernesey à la pension de famille « Grisnoir » où il espère retrouver l’équilibre perdu dans son aventure africaine. La vie s’y écoule effectivement paisiblement jusqu’à ce que le petit Daniel, enfants de parents séparés, ne disparaisse. Daniel l’accompagnait lors de ses promenades touristiques. Alors Julien enquête, accompagné de l’Irlandaise Molly, et son propre passé remonte à la surface par bouffées. Autour de lui, un auteur de romans policiers, un prêtre organisateur de réseaux clandestins, un couple d’ornithologues mystérieux… Bref, une belle brochette de personnages et une atmosphère « gris-noir » !
Quand on le retrouve au troisième tome, Julien Boisvert a vieilli : cinq ans de plus. Les joues rebondies, les rouflaquettes touffues, les cheveux hirsutes, Julien vit à présent au Mexique, à San Juanito, entiché d’une jeunesse locale aussi belle que jalouse. Autant dire que l’arrivée de sa femme (un scoop !) rend la situation explosive. Mais, parallèlement, Julien s’est jeté naïvement dans une initiation mystique troublante et se trouve du même coup mêlé à des meurtres qui constituent l’intérêt policier de ce troisième volet.
Enfin, dans Charles, Julien retrouve la trace de son père aux Etats-Unis, un père oublié puis détesté. Autour de Charles, le doute s’installe en effet. Serait-il membre du Ku Klux Klan ? Est-il de ceux qui martyrisent le peuple noir ? L’album brosse en tout cas un portrait de la société américaine, de ses contradictions insupportables, de ses intolérances forcenées (racisme, nazisme…) et, paradoxalement, Julien retrouve ses racines dans un monde qui refuse de reconnaître les siennes. Julien est de ces héros qui vieillissent et inspirent la sympathie. Certains ont vu en lui une sorte de Tintin, en plus adulte, en plus contemporain, et ont fait d’étonnants et séduisants rapprochements entre la série de Dieter et Plessix et l’œuvre d’Hergé (voir le site du9.org ).
Les aventures de Julien Boisvert constituent une série de grande qualité. Le dessin précis de Plessix, fouillé, voire miniaturiste quelquefois, son sens aigu du cadrage et de la mise en page font d’ailleurs de ses albums une référence graphique. Et les couleurs d’Isabelle Rabarot sont comme à l’accoutumée remarquables en tout point. Enfin, les scénarios sont d’une grande crédibilité.
Alors, bons voyages.
Didier QUELLA-GUYOT ([L@BD->http://www.labd.cndp.fr/] et sur Facebook).
http://bdzoom.com/author/didierqg/
« Julien Boisvert : intégrale » par Michel Plessix et Dieter
Éditions Delcourt (29, 95 €) – ISBN : 978-2-7234-9360-4
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