Après le succès de ses très réussis « Shangri-La » et « Carbone & Silicium » — où il explorait les théories des paradoxes temporels, puis les conséquences des progrès technologiques sur la détérioration de l’homme —, Mathieu Bablet (1) aborde le récit postapocalyptique dans sa nouvelle grande fresque de science-fiction proposée dans le Label 619 désormais hébergé par les éditions Rue de Sèvres. Dans un lointain futur, les insectes pollinisateurs ont disparu à la suite de bouleversements climatiques… et la Terre est devenue aride et stérile. Une biologiste a pour mission de retrouver les traces génétiques des abeilles, dans l’espoir de revenir au monde d’avant. Une fable écologique et initiatique, aussi complexe qu’envoûtante, qui nous donne furieusement envie d’aller de l’avant !
Lire la suite...« Les Temps mauvais » par Carlos Giménez

Après « Paracuellos », « Barrio » et « Les Professionnels, le dessinateur ibérique Carlos Giménez boucle, avec « Les Temps mauvais », ses chroniques sensibles de l’Espagne sous la dictature franquiste. Il en profite alors pour nous livrer, pendant deux cent vingt pages, un remarquable réquisitoire contre la guerre, parsemé de touches d’humour et d’émotion.
Pour ce faire, il met consciencieusement en scène la vie de tous les jours d’une famille d’ouvriers de condition moyenne, à Madrid, à partir de 1936. Travaillant pour une usine de gaines, le père a le cœur qui bat à gauche. D’ailleurs, il est membre du parti du président de la République espagnole (Manuel Azaña) lorsque la guerre civile éclate, suite au putsch militaire de Franco. Face au destin, cet homme, ni héros ni traître, se sent bien vite le jouet de forces qui le dépassent et il ne sait même plus qui haïr… Car le pays est alors déchiré entre les fascistes et les rouges ; or, ce sont les petites gens qui subissent de plein fouet ce conflit : «Je voulais raconter la guerre en minuscules, la guerre au quotidien, celle des coulisses, celle de ceux dont on ne parle pas dans les journaux ni dans les manuels d’histoire » déclare l’auteur dans une interview réalisée par Phil Casoar et publiée dans la partie informative de ce somptueux livre, laquelle remet complètement le propos dans son contexte.
Pourtant, en dépit des privations et des bombardements, la famille madrilène va tenir bon. Avec son trait caricatural, le talentueux Carlos Giménez raconte cette guerre d’Espagne en prenant du recul, ne condamnant jamais sans réserve. Tout le monde en prend pour son grade, car la barbarie des hommes s’exprime dans les deux camps ; même si les fascistes sont montrés sous un jour encore plus défavorable que les communistes. À l’instar des ouvrages de Will Eisner sur le quotidien des immigrants juifs en Amérique, ces tranches de vie sont des œuvres fondamentales qui nous éclairent sur un passé peu reluisant, lequel ressemble, beaucoup, à un présent que l’on remet pourtant en question : comme quoi, l’homme devrait tirer, bien plus souvent, les leçons du passé…
Gilles RATIER
« Les Temps mauvais » par Carlos Giménez
Éditions AUDIE/Fluide glacial (35 €) – ISBN : 978-2352073048
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