Un premier voyage dans les Terres australes et antarctiques françaises — retranscrit dans le très bel ouvrage « Voyages aux îles de la Désolation » — n’a pas rassasié le dessinateur Emmanuel Lepage (1) : 12 ans après, en 2022, il embarque à nouveau pour les îles Kerguelen. N’ayant pas pu, lors de sa première excursion, vivre au plus près le quotidien de tous ceux qui travaillent sur cet archipel au relief montagneux d’origine volcanique, situé au sud de l’océan Indien, il y reste cette fois-ci deux mois et demi : s’attachant donc plus aux personnes qui partent avec lui, tout en montrant les changements déjà à l’œuvre sur la nature, en raison du réchauffement climatique. Du beau, écologique et humaniste, voire quasiment poétique, récit de voyage en BD !
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							« Péchés capitaux 1 : Super Sexy », « Mademoiselle Else » et « Le signe de la lune »
- « Péchés capitaux 1 : Super Sexy », de Maïa Mazaurette et des Coiffeurs pour Dames, Audie – Fluideglamour, 9,95€
 Emmanuelle mène une double vie : innocente, délaissée et en un mot pas très futé avec les hommes, elle devient une superwoman semant le désir la nuit et s’opposant aux ambitions d’une multinationale du sex toys. Seul problème : elle ignore tout de ces virées nocturnes qui lui laissent seulement des grands trous de mémoire et nombre de courbatures. Une relecture très fantasmatique des comics américains. C’est drôle, frais, enlevé, à décoder sur plusieurs niveaux de lecture, et, pour tout dire, pas vraiment (pas du tout) pour les enfants.
- « Mademoiselle Else », de Manuele Fior, Delcourt, 14,95€
 Else, belle et courtisée, promène un regard pénétrant et distancié sur la vie superficielle de la bourgeoisie de la Belle époque. Jusqu’au jour où ses parents, pour rembourser une dette, lui demandent de s’adresser à un ami de la famille qui la désire. Mise au pied d’une alternative insoluble, entre son devoir filial et son refus des compromissions, Else ne trouve qu’une solution tragique pour sauver son père et son honneur. Tiré d’une nouvelle D’Arthur Schnitzler, dont il reprend la narration à la première personne, cet album, porté par de superbes dessins aquarellés, restitue avec force les relations faussement policées de la bonne société de l’époque et les hypocrisies qu’elle nourrit. Une adaptation réussie d’un texte superbe.
- « Le signe de la lune », de José Luis Munuera & Enrique Bonet, Dargaud, 15,50€
 Des années ont passé, les personnalités se sont affirmées, les jeux ont changé. Mais, à Aldea, les croyances anciennes interposent encore leurs logiques à la violence et aux désirs des hommes. Toujours convoitée par le cruel Ruffo, la jolie Artémise lui préférerait le mystérieux Brindille, si elle n’était hantée par son passé. Munuera, abandonnant Merlin et Spirou, offre ici un récit intense, entre histoire magique et roman picaresque. Avec un dessin envoutant en lavis de noir et de blanc et un scénario marqué par le réalisme fantastique, cet album, bourré de références -du petit chaperon rouge au Juif errant-, dont les clefs sont en partie données par la belle préface de Romero, s’impose comme un magnifique conte tragique pour adultes.
Joël Dubos









