Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
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Le duo belge Warnauts et Raives s’est fait une spécialité bien honorable : la défense des droits du peuple Noir et la mise en valeur du métissage.
Polissant leur réputation, album après album (de « Congo 40 » au très beau « Fleurs d’ébène », en passant par « Équatoriales »), ils ont su, depuis maintenant plus de vingt-cinq ans, imposer leur marque de fabrique grâce à une technique bien particulière : Éric Warnauts s’occupant principalement du scénario, Raives (alias Guy Servais) de la mise en couleurs, alors que les planches sont dessinées à quatre mains et que leurs échanges, tant graphiques que narratifs, sont incessants. Dans les 64 pages de ce nouvel album, ils nous brossent tout un pan de l’Histoire des États-Unis et du peuple afro-américain : du mouvement des Black Panthers à l’élection de Barack Obama au poste de président, en 2008 ; ceci sans jamais tomber dans l’intellectualisation et les clichés habituels, tout en permettant au lecteur de projeter un peu de lui-même dans cette belle histoire. Alors que le peuple zaïrois attend avec ébullition le combat du siècle entre Mohammed Ali et George Foreman, la vie de Tshilanda, la jolie et naïve fille du chef de la sécurité d’un grand hôtel international de Kinshasa où va se produire James Brown avant le match tant attendu, va basculer en une nuit. Séduite par un client de passage peu scrupuleux, elle tombe enceinte alors qu’elle vient juste d’avoir seize ans, en cette année 1974. Pour lui éviter le scandale, un diplomate français et un musicien de Harlem, batteur dans l’orchestre du chanteur funcky, vont l’aider à partir pour New York où elle accouchera d’une magnifique petite métisse nommée… Liberty !
Cette histoire pleine d’humanité, complètement inventée mais inspirée d’éléments réels, démontre, une fois de plus, l’évident talent des deux compères qui portaient ce récit en eux depuis longtemps ! Qu’ils soient rassurés, car cette destinée d’une femme et de sa fille, déchirées entre deux cultures et confrontées aux problèmes d’argent, de racisme ou de drogue, et qui s’achève par une phrase issue du discours du nouveau chef du pouvoir exécutif américain, à Chicago (« Nos histoires sont singulières, mais notre destin est commun », allusion directe à ses propres racines) est un hymne tout à fait réussi à la tolérance mutuelle et à l’espérance d’une humanité perfectible !
Gilles RATIER
? Liberty ? par Éric Warnauts et Raives
Éditions Casterman (15 Euros)