Disparu il y a déjà sept ans, René Pétillon — bien connu pour ses dessins d’humour dans Le Canard enchaîné, mais aussi pour son inénarrable détective Jack Palmer dont l’enquête corse a notamment fait parler de lui, car adaptée au cinéma — (1) avait travaillé, depuis 2008, sur ce scénario quasiment achevé. Bien qu’il en ait également assuré partiellement le découpage et les crayonnés (donc, il ne restait pratiquement plus qu’à dessiner l’album), il avait abandonné cet ultime projet pour différentes raisons, dont la nécessité d’honorer d’autres entreprises en cours. C’est le célèbre Manu Larcenet (2), récemment auréolé de son adaptation de « La Route », qui a été approché pour s’approprier l’histoire, la terminer et la mettre en images : un très bon choix !
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« Le diable amoureux : et autres films jamais tournés par Méliès », « Africa Dreams : L’ombre du roi »
- « Le diable amoureux », Fabien Velhmann & Frantz Duchazeau, Dargaud, 14,50 €
Placé sous la référence de Gaxotte, et sous titré « Et autres films jamais tournés par Méliès », cet album se propose explicitement, à travers 7 nouvelles mêlant venture, humour et fantastique, de restituer l’esprit du grand pionnier des effets cinématographiques. Avec un dessin aux traits très ambiance Belle époque ou Années Folles, et une galerie de portraits tout droit tirés des feuilletons de l’époque (le diable, les automates, les rats, le roi des mendiants, le Pôle nord, la femme à barbe), ces récits courts mais intenses, nous entraînent à travers le Paris éternel, aux cotés de Méliès et de quelques célébrités (ainsi Joséphine Baker et Houdini), sur la piste d’un merveilleux qui n’avait pas peur de s’afficher comme tel.
- ?Africa dream 1, L’ombre du roi?, Maryse et Jean-François Charles & Frédéric Bihel, Casterman, 12,50€
En 1913, le jeune Paul Delisle, menant une quête à la fois spirituelle et familiale, rejoint les Pères blancs, quelque part dans l’est du Congo. Il y découvre que les monstres et les barbares ne sont pas ceux que l’ont croient ni Europe ni sur place. Superbement mis en page par Bihel, dans un style réaliste très pictural, ce récit du couple Charles présente avec justesse l’envers du rêve colonial européen, quand le devoir de civilisation cède le pas devant les appétits impérialistes et l’exploitation économique. Une belle entrée en matière pour découvrir la réalité d’une colonie d’exploitation, où le dévouement de certains côtoie les comportements les plus abjects des autres. Une vraie leçon d’histoire.
Joël Dubos