Un premier voyage dans les Terres australes et antarctiques françaises — retranscrit dans le très bel ouvrage « Voyages aux îles de la Désolation » — n’a pas rassasié le dessinateur Emmanuel Lepage (1) : 12 ans après, en 2022, il embarque à nouveau pour les îles Kerguelen. N’ayant pas pu, lors de sa première excursion, vivre au plus près le quotidien de tous ceux qui travaillent sur cet archipel au relief montagneux d’origine volcanique, situé au sud de l’océan Indien, il y reste cette fois-ci deux mois et demi : s’attachant donc plus aux personnes qui partent avec lui, tout en montrant les changements déjà à l’œuvre sur la nature, en raison du réchauffement climatique. Du beau, écologique et humaniste, voire quasiment poétique, récit de voyage en BD !
Lire la suite...« L’Homme qui assassinait sa vie » par Emmanuel Moynot, d’après Jean Vautrin
Après l’adaptation réussie de « Canicule » par Baru, les éditions Casterman poursuivent leur collection qui met en cases et en bulles l’œuvre romanesque de Jean Vautrin, avec un polar burlesque et sanglant remarquablement croqué par un Emmanuel Moynot en grande forme.
« L’Homme qui assassinait sa vie » est, à l’origine, un roman publié chez Fayard, en 2001, que l’auteur du « Cri du peuple » a imaginé lorsqu’il a quitté sa grande propriété landaise en pleine campagne pour s’installer aux portes de Bordeaux ; ville qui va servir de décor à sa nouvelle fiction littéraire. Vautrin renoue alors avec ses amours anciennes, grâce à ce policier écrit dans le style de la Série noire, collection où il avait fait des débuts fracassants avec « À bulletins rouges » ou « Billy-ze-Kick » : une littérature plus directe, celle de la violence urbaine où les héros souvent miteux, ici un détective et un ex-taulard, se collettent avec la misère et la mort. Et Moynot, qui connaît bien les règles d’or du polar (rappelons qu’il remplaça un temps Jacques Tardi sur les enquêtes de « Nestor Burma » créées par Léo Malet) l’a bien compris. Il peint avec vivacité et fluidité l’histoire de cet homme qui sort de prison, la rage en bandoulière, et qui a des comptes à régler avec la société : il a écopé de trois ans fermes pour avoir trempé dans des affaires sordides d’abus de biens sociaux initiées par son riche beau-père, un politicien de la région de Bordeaux.
S’il pleut d’emblée du cliché en trombe, la suite bascule très vite dans l’ironie et le cynisme : le flic est un immonde salopard, le privé a de la morale et des passions automobiles, les malfrats sont cons comme la lune, les femmes ont le sein ferme et le cul qui démange, le PC n’est plus ce qu’il était, et le monde, gouverné par l’argent, ne tourne plus rond ma bonne dame…
Un roman graphique savoureux qui se lit d’une traite et rappellera, aux plus anciens, l’ambiance sulfureuse et moqueuse des films avec Belmondo ou Delon, au début des années 1970…
Gilles RATIER
« L’Homme qui assassinait sa vie » par Emmanuel Moynot, d’après Jean Vautrin
Éditions Casterman (18 €) – ISBN : 978-2-203-06861-2










