Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« L’Homme qui assassinait sa vie » par Emmanuel Moynot, d’après Jean Vautrin

Après l’adaptation réussie de « Canicule » par Baru, les éditions Casterman poursuivent leur collection qui met en cases et en bulles l’œuvre romanesque de Jean Vautrin, avec un polar burlesque et sanglant remarquablement croqué par un Emmanuel Moynot en grande forme.
« L’Homme qui assassinait sa vie » est, à l’origine, un roman publié chez Fayard, en 2001, que l’auteur du « Cri du peuple » a imaginé lorsqu’il a quitté sa grande propriété landaise en pleine campagne pour s’installer aux portes de Bordeaux ; ville qui va servir de décor à sa nouvelle fiction littéraire. Vautrin renoue alors avec ses amours anciennes, grâce à ce policier écrit dans le style de la Série noire, collection où il avait fait des débuts fracassants avec « À bulletins rouges » ou « Billy-ze-Kick » : une littérature plus directe, celle de la violence urbaine où les héros souvent miteux, ici un détective et un ex-taulard, se collettent avec la misère et la mort. Et Moynot, qui connaît bien les règles d’or du polar (rappelons qu’il remplaça un temps Jacques Tardi sur les enquêtes de « Nestor Burma » créées par Léo Malet) l’a bien compris. Il peint avec vivacité et fluidité l’histoire de cet homme qui sort de prison, la rage en bandoulière, et qui a des comptes à régler avec la société : il a écopé de trois ans fermes pour avoir trempé dans des affaires sordides d’abus de biens sociaux initiées par son riche beau-père, un politicien de la région de Bordeaux.
S’il pleut d’emblée du cliché en trombe, la suite bascule très vite dans l’ironie et le cynisme : le flic est un immonde salopard, le privé a de la morale et des passions automobiles, les malfrats sont cons comme la lune, les femmes ont le sein ferme et le cul qui démange, le PC n’est plus ce qu’il était, et le monde, gouverné par l’argent, ne tourne plus rond ma bonne dame…
Un roman graphique savoureux qui se lit d’une traite et rappellera, aux plus anciens, l’ambiance sulfureuse et moqueuse des films avec Belmondo ou Delon, au début des années 1970…
Gilles RATIER
« L’Homme qui assassinait sa vie » par Emmanuel Moynot, d’après Jean Vautrin
Éditions Casterman (18 €) – ISBN : 978-2-203-06861-2