Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
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Avec ce nouvel album à l’amusant titre à rallonge, réalisé dans la prolongation de son « Lydie » (remarquable one-shot également réalisé avec un autre excellent graphiste espagnol), le brillant scénariste belge immigré en territoire ibérique qu’est Zidrou se focalise, une fois de plus, sur le registre de l’émotion. Capable d’aborder tous les genres, il joue malicieusement avec nos sentiments de lecteurs, que ce soit dans ces récits intimistes destinés prioritairement aux adultes (« Le Beau voyage. », « La Peau de l’ours », « Le Client »…) ou dans ses séries jeunesse (« Boule à zéro », « Tamara » ou même « L’Élève Ducobu »). Cette fois-ci, il aborde, avec pudeur et sincérité, un sujet délicat : la difficulté, pour une personne seule, de s’occuper d’un handicapé.
Une chétive mère septuagénaire élève donc, amoureusement, un gaillard du genre corpulent qui, depuis un terrible accident de voiture, est resté un petit garçon dans sa tête. Comme elle ne veut pas qu’il aille dans une maison adaptée, on assiste alors à ses joies, mais aussi à sa lassitude et sa souffrance : résultats de tant de contraintes qui ne lui laissent jamais un instant de libre. Pour couronner le tout, elle arrive à peine à partager ses doutes et ses inquiétudes avec son autre enfant, une fille qui, elle, refuse de sacrifier son existence pour améliorer celle de son frère qui, il faut bien le reconnaître, accumule les grosses bêtises.
Le petit train-train quotidien de cette vieille maman et de ce colosse à l’âme de gamin qui adore regarder des dessins animés et qui est super fort aux jeux vidéo est tendrement et habilement mis en scène : découpé en une série d’historiettes, le scénariste passe en revue les épreuves endurées par cette personne qui a vraiment l’impression d’être toute seule pour affronter les aléas de ce dur et ingrat labeur.
Quant au trait semi-humoristique et expressif, tout en rondeur et en souplesse, du dessinateur du polar « Jazz Maynard » — lequel change ici totalement de style —, il s’adapte remarquablement à l’humanité et à l’intelligence de ce scénario qui ne tombe jamais dans le pathos : la narration laissant même, très souvent, une grande place au rire et à l’humour.
Gilles RATIER
« Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaussettes ? » par Roger et Zidrou
Éditions Dargaud Benelux (14,99 €) – ISBN : 978-2-7560-39711-8