Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« Eve sur la balançoire : conte cruel de Manhattan » par Nathalie Ferlut

C’est aux éditions Casterman que Nathalie Ferlut nous propose, cette fois-ci, un nouveau portrait de femme, toujours aussi attachant et tragique. Il s’agit de l’ascension fulgurante, dans le monde artistique et publicitaire de la Belle Époque, d’Evelyn (dite « Eve ») Nesbit : une jeune femme dont la grande beauté et la longue chevelure rousse lui valu le surnom de « la fille sur la balançoire de velours rouge » ou encore « The true American Eve ».
Après ses remarquables « Lettres d’Agathe » et « Elisa » (publiés dans la collection Mirages de chez Delcourt, en 2008 et 2010, la sensible auteure, au trait de plus en plus délicat, s’attache donc, ici, à cette gloire éphémère du début du XXe siècle : une jeune mannequin et courtisane qui fut considérée comme la première icône de la société de consommation, jusqu’à sa chute brutale quelques années après.
Manifestement, Nathalie Ferlut s’est largement documentée (1) sur cette naïve première pin-up américaine. Sa mère, veuve et ruinée, lui présente, alors qu’elle n’a que seize ans, des peintres et des photographes amateurs de jolis minois. À partir de ce moment-là, elle va aussi poser pour des campagnes publicitaires vantant des produits de beauté et passera entre les mains de divers amants manipulateurs, dont le jeune acteur américain John Barrymore [le grand-père de Drew !]. Peu à peu, ses tenues deviennent plus légères et ses poses plus suggestives.
Ce monde cruel, où évolue cette jeune fille candide et rêveuse, est alors mis en cases avec maîtrise et audace ; ceci grâce à une narration efficace, mais pas forcément linéaire, et un style graphique fin et élégant (rehaussé par de subtiles aquarelles), tout empreint de douceur.
Gilles RATIER
(1) Ce roman graphique de cent vingt pages est enrichi, en fin d’ouvrage, d’un dossier de quelques pages didactiques sur Evelyn Nesbit et les hommes de sa vie, photographies d’époque à l’appui.
« Eve sur la balançoire : conte cruel de Manhattan » par Nathalie Ferlut
Éditions Casterman (18 €) – ISBN : 978-2-203-06639-7