Par les temps qui courent, il est rare qu’un éditeur se lance dans une saga aux allures classiques prévue en plusieurs volumes. Pourtant, Futuropolis a déjà financé les scénarii des six ouvrages nécessaires à l’épopée de « L’Ange corse », lesquels sont d’ores et déjà écrits, et les trois premiers opus sortiront en l’espace d’une seule année… Rien que pour cela — mais pas que… —, saluons la parution du premier tome de « L’Ange corse » : l’histoire d’un orphelin corse qui doit s’expatrier dans l’Indochine des années 1930, pour échapper à une vendetta. Le jeune insulaire est recueilli, à Saigon, par un riche commerçant et propriétaire terrien natif d’Ajaccio : mais sous sa façade respectable, cet homme, bien installé, trempe dans le proxénétisme et le trafic de stupéfiants…
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Les éditions du Lombard veulent à tout prix sortir de leur image de marque, à leur avis (mais c’est le leur, et on n’est pas obligé de le partager) trop « franco-belge » !
D’où, ces derniers temps, l’accumulation de romans graphiques dans leur catalogue : des récits et des graphismes qu’on avait plutôt l’habitude de voir chez les éditeurs indépendants ou dans les collections adéquates des autres maisons en place.
Cependant, certains albums, comme cet inattendu « Nous ne serons jamais des héros », réalisé pour la belle collection « Signé », leur permettent de se singulariser sans totalement renier l’esprit de la maison bruxelloise, où flotte encore, sur le toit, l’effigie de « Tintin » !
Olivier Jouvray (le scénariste de « Lincoln ») s’attarde sur la personnalité d’un jeune chômeur qui se définit lui-même comme étant en « GDI » (c’est-à-dire « en galère à durée indéterminée…, abonné à l’intérim à vie… ») dont la vie va complètement changer lorsque son père, malade, lui propose de l’accompagner pour un tour du monde. Pourtant, l’adulescent n’entretenait, jusqu’à présent, que des rapports lointains et pas forcément aimants avec son géniteur : la vie ayant dressé un mur d’incompréhension entre ses représentants de deux générations.
Cette émouvante initiation psychologique et sociale, qui joue sur la confrontation et les rapports troubles entre les deux protagonistes, est mise efficacement en images par le trait caricatural (ayant subi l’influence nette des mangas), mais plus réaliste qu’à son habitude, de Frédérik Salsedo, le dessinateur de « Ratafia » : un dessin toutefois expressif, pigmenté de lavis bien sentis que son frère (Greg Salsedo) met sensiblement en couleurs ! Du bel ouvrage !
Gilles RATIER
? Nous ne serons jamais des héros ? par Frédérik Salsedo et Olivier Jouvray
Éditions Le Lombard (15,50 Euros)