On le sait, l’Espagnol Josep Homs (1) est un dessinateur aussi original que talentueux : il nous l’a prouvé à maintes reprises, ne serait-ce qu’avec sa série « Shi » écrite par Zidrou, dont il prépare le sixième épisode, toujours chez Dargaud. Par ailleurs, avec cet étonnant et glaçant roman graphique de 100 pages qu’il met lui-même en couleurs (et quelles couleurs !) — où une jeune juive très indépendante peut voir et converser avec une incarnation du diable —, il devient, pour la première fois, son propre scénariste. Tout en ressuscitant le mythe du golem et en reprenant le thème philosophique du bien et du mal, il nous démontre que le manipulateur n’est pas toujours celui qu’on croit !
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Les amateurs de mythes anciens vont adorer ! Manifestement, en nous contant le destin de deux princesses de l’Égypte de Ramsès III (que l’on considère souvent comme le dernier des pharaons, « avant que ne débute un lent et inexorable déclin », comme le précise Christian Jacq, romancier spécialiste de cette époque, dans sa préface), l’Ukrainien Igor Baranko semble s’être solidement documenté ; même si les égyptologues tatillons y trouveront toujours à redire?
En plein désert, deux des filles que le souverain a eu avec ses concubines favorites tombent dans un piège fomenté par l’épouse en titre et échappent de peu à la mort… Elles se retrouvent dans les ruines d’une ville considérée comme maudite pour avoir été, deux siècles auparavant, la capitale choisie par Akhénaton, pharaon ayant aboli le culte des dieux au profit d’un seul : Aton.
Ce copieux et complexe diptyque, à prendre souvent au second degré au niveau de l’aventure, ballote inlassablement nos deux héroïnes entre conspiration, superstition et magie noire, pendant cent vingt pages où explose surtout la maîtrise du noir et blanc de cet auteur que l’on avait déjà remarqué sur les chamaniques trilogies « La Danse du temps » et « L’Empereur océan ». En effet, son trait noir élégant et puissant (qui nous rappelle un peu celui d’Hugo Pratt ou d’Eduardo Risso) et le soin qu’il apporte aux décors rattrapent, au mieux, les légères déficiences d’une narration peut-être un peu trop confuse et poussive pour que l’on crie au chef-d’œuvre ! Et soyons optimistes, dans la deuxième partie prévue en octobre, tout sera certainement parfait !
Gilles RATIER
? Les Princesses égyptiennes ? première partie par Igor Baranko
Éditions Les Humanoïdes associés (19,95 Euros)