Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« L’Homme de l’année T5 : 1871 » par Benoît Dellac et Jean-Pierre Pécau

En matière d’exotisme ou de voyage, la fameuse « semaine sanglante » de la Commune, épisode tragique et mémorable de 1871, semble hors-sujet. C’est vrai, sauf si l‘on imagine dans ce maelström révolutionnaire, la présence d’un individu étranger, malmené, piégé par les dits événements. C’est le cas d’Abdullah…
La couverture signée Manchu représente un étonnant soldat, juché sur une tombe du Père-Lachaise, fusil à la main. Il est qui plus est habillé à l’orientale, avec chechia, vêtements à parements et séroual (pantalon bleu ou blanc, ample avec de nombreux plis). Que fait-il là ? En 1871 ! Il lutte tout simplement avec les Communards contre les Versaillais. Il faut remonter 20 ans plus tôt pour comprendre qui est cet homme et ce qu’il fait sur les barricades parisiennes. Vingt ans plus tôt, il n’était qu’un enfant, quelque part, non loin des sources du Nil. C’est là qu’en cadeau on donne cet enfant à la peau noire à Antoine d’Abbadie, un militaire français. Ce dernier le ramène chez lui, à Hendaye, l’élève et l’instruit. Mais l’instruction donne des ailes, pousse à la révolte et à l’indépendance, c’est sa vertu, qui qu’on en pense ! Et Abdu s’émancipe pour finalement intégrer l’armée et ses combats… Il n’est pas seul, d’autres « turcos » sont à ses côtés.
« Turcos » : c’est le surnom qu’on donne aux tirailleurs algériens depuis la Guerre de Crimée (1855-1856). On les retrouve, dans ces pages, à Solferino et Magenta, en 1869 ; puis en Kabylie où ils « pacifient ». Enfin à Alger, toujours en 1869 ; puis en Alsace, en 1870 (oui, l’année 1871 n’est ici, en quelque sorte, qu’un produit d’appel) ; enfin, c’est Paris, où notre lettré Turco va rencontrer Jules Vallès et finalement se laisser séduire par Louise Michel…
Parce qu’il a écrit une nouvelle très courte intitulée « Le Turco de la Commune » (elle figure dans ses « Contes du lundi »), Alphonse Daudet est cité en fin d’album. Mais Daudet s’est lui-même inspiré d’une histoire vraie, celle de cet esclave affranchi que ramena effectivement Antoine d’Abbadie dont le château se visite toujours à Hendaye et dont le vestibule exhibe la statue d’Abdullah.. .
Alors, bon voyage…
Didier QUELLA-GUYOT ([L@BD->http://www.labd.cndp.fr/] et sur Facebook).http://bdzoom.com/author/didierqg/
« L’Homme de l’année T5 : 1871 » par Benoît Dellac et Jean-Pierre Pécau
Éditions Delcourt (14,50 €) – ISBN : 978-2-7560-2917-7