Par les temps qui courent, il est rare qu’un éditeur se lance dans une saga aux allures classiques prévue en plusieurs volumes. Pourtant, Futuropolis a déjà financé les scénarii des six ouvrages nécessaires à l’épopée de « L’Ange corse », lesquels sont d’ores et déjà écrits, et les trois premiers opus sortiront en l’espace d’une seule année… Rien que pour cela — mais pas que… —, saluons la parution du premier tome de « L’Ange corse » : l’histoire d’un orphelin corse qui doit s’expatrier dans l’Indochine des années 1930, pour échapper à une vendetta. Le jeune insulaire est recueilli, à Saigon, par un riche commerçant et propriétaire terrien natif d’Ajaccio : mais sous sa façade respectable, cet homme, bien installé, trempe dans le proxénétisme et le trafic de stupéfiants…
Lire la suite...Collection Romantica au Lombard…

Le dessinateur Daniel Casenave et le scénariste David Vandermeulen ne tarissent pas de projets : le dernier en date est une collection rassemblant les grandes figures du romantisme européen mises en bandes dessinées par les deux complices. Du coup, les éditions bruxelloises Le Lombard rééditent, dans un très beau format à l’italienne, leur diptyque « Shelley » (paru en 2012 et 2013 et mettant en scène l’auteure de « Frankenstein ») passé un peu trop inaperçu et proposent sous la même forme – aussi monumentale que magnifique – un très convaincant « Chamisso », en attendant leur prochaine approche de la vie de Gérard de Nerval, déjà en préparation.
Ces récits légèrement décalés et fort bien colorés par Patrice Larcenet racontent, dixit l’éditeur, « la vie d’artistes à la personnalité extraordinaire, via un savant mélange de leurs biographies réelles et de leurs œuvres autobiographiques », ce qui n’empêche pas les malicieux auteurs de donner leur vision personnelle de ces écrivains, de façon fort ludique.
Dans le dossier de presse consacré à cette nouvelle et sympathique collection, Daniel Casenave déclare même que « Il ne faut pas être trop sérieux non plus, d’autant que nos sujets peuvent parfois effrayer ou rebuter certains. Mais l’important, c’est que nous fassions des livres délassants et agréables à lire, non ? Finalement, c’est ce que David et moi n’avons cessé de faire en travaillant ensemble : communiquer notre passion pour la littérature, faire des livres qui sont des portes d’entrées aux grandes œuvres, démontrer que l’histoire, la littérature, ce n’est pas si sacré que cela, que l’on peut les envisager avec une tendresse espiègle et amusée, que c’est ça aussi, aimer l’histoire. »
Pari réussi, en tout cas, car on se passionne d’emblée à la lecture de ces quelque deux cents pages de BD scellées par quelques pages historiques et biographiques, remplies de passions cachées et d’épopées historiques, à l’instar de l’étonnant destin de cet immense naturaliste allemand qu’était Chamisso : certainement l’auteur romantique le plus malchanceux de sa génération, puisque le destin lui infligea une cruelle double nationalité franco-allemande, en pleines guerres napoléoniennes.