Revenant au dessin et aux fondamentaux de ses débuts — à une époque où il privilégiait la gaudriole, le grand guignol et la liberté graphique, ce qui était notamment le cas dans le recueil intitulé « Nocturnes » —, Régis Loisel nous gratifie d’un étonnant et magnifique album, de très belle facture, aux éditions Rue de Sèvres : « La Dernière Maison juste avant la forêt », avec l’aide scénaristique de son ami Jean-Blaise Djian. Une histoire foisonnante — de 160 pages — située dans un univers loufoque, délirant, aux limites du fantastique, mais qui est remplie de bons sentiments, et où l’on retrouve tout l’amour pour l’humanité du cocréateur de « La Quête de l’oiseau du temps » ou de « Magasin général » !
Lire la suite...« Le Dernier Voyage d’Alexandre de Humbolt » T2 par Vincent Froissard et Etienne Le Roux
Il aura fallu attendre quatre ans pour bénéficier de ce second volet – de haute volée ! – et connaître la fin du voyage Alexandre de Humbolt, célèbre naturaliste prussien, ou plutôt la fin du voyage tel que les auteurs se l’ont imaginé, c’est-à-dire fantasmé, onirique, délirant…
En décembre 1847, Alexandre de Humbolt, alors à la retraite, renonce à présider le repas annuel de l’Académie des sciences. Louise Amadilla vient de lui apporter le carnet du dernier voyage de son père Aymé Bonpland, disparu en Colombie. Humbolt décide de partir à la recherche de son ami disparu. Pour ne pas être en reste, son grand rival à l’Académie, Karl Von Ritter, se lance à sa poursuite. Suite à un raz de marée, Louise est sauvée par Von Ritter et tous deux s’enfoncent bientôt dans la forêt amazonienne.
Quand ce tome 2 réamorce le voyage, on est en septembre 1848. Humbolt est en pleine jungle, au pied d’une maudite mine creusée dans la paroi d’un volcan, qu’il a bien l’intention d’explorer avec Luisa Amadilla et Von Ritter. Il semblerait qu’en s‘y enfonçant on atteigne « l’huphrahomen », c’est-à-dire l’organisme originel, à l’origine de toute vie.
Aventures délirantes et voyage initiatique font que ce projet va très vite bien au-delà d’une biographie servile ou tatillonne. Avec ce premier scénario pour un autre que lui, Étienne Le Roux fait en effet le pari de pousser l’imaginaire visuel de Vincent Froissard à sublimer la vie du naturaliste Humbolt et de mêler réel et fantastique, car c’est à un étrange voyage au centre de la Terre que nous convient les auteurs. On en oublie qu’Humbolt a existé pour ne plus devenir que le spectateur d’une descente aux enfers graphique, fascinante, cauchemardesque, époustouflante. Le trait se floute, les décors s’estompent, les individus se superposent ou se diluent. Les atmosphères se font troublantes : des mondes aux apparences sous-marines, à d’autres moments plutôt interstellaires, poussent le lecteur à voyager sur des paysages déliquescents et ruinés. Où sommes-nous ? Où allons-nous ? Pourquoi ? Ces questions, le lecteur, finalement, ne se les posent plus. Il avance, un point c’est tout, comme dans un rêve éveillé…
Didier QUELLA-GUYOT ([L@BD->http://www.labd.cndp.fr/] et sur Facebook).http://bdzoom.com/author/didierqg/
« Le Dernier Voyage d’Alexandre de Humbolt » T2 par Vincent Froissard et Etienne Le Roux
Éditions Futuropolis (17,25 €) – ISBN : 978-2-7548-0325-0











