Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« Mon cousin dans la mort » par François Duprat

Les rééditions ont parfois cela d’intéressant, c’est qu’elles permettent aux lecteurs de redécouvrir quelques pépites devenues introuvables. C’est le cas aujourd’hui pour cet album sensible signé François Duprat, « Mon cousin dans la mort ». Publié initialement aux éditions Petit à Petit en 2001, ce récit ancré dans le monde rural des années soixante et dans le contexte trouble de la guerre d’Algérie, est proposé par La Boîte à bulles, dans un format différent de sa taille originelle. (1)
Une belle occasion d’apprécier le travail d’un auteur très intéressant, capable d’aborder toutes sortes de sujets et d’explorer une large palette de sentiments.
Une plongée donc dans les années 1960 au cœur d’un petit village du sud-ouest de la France. Au fil des premières pages, l’on fait la connaissance des protagonistes. Découvrons d’abord P’tit Lucien au cimetière du village où l’on enterre son grand-père Gaspard.
Il voit la jeune Lili, une gamine fantasque, qui joue sur une tombe voisine et qui semble en grande conversation avec la défunte reposant là. Lucien aimerait bien comprendre ce que fait Lili mais celle-ci se fâche et l’envoie promener. Arrive alors à l’école un gamin d’Algérie, Maurice. Ses parents l’ont envoyé chez sa tante pour fuir les événements qui déchirent le pays. Maurice, L’Etranger, au départ, prend peu à peu de l’ascendant sur les autres gamins du village, et devient chef de bande. Il s’en prend à Lili, dont le père, fossoyeur, est alcoolique depuis le décès de son fils à la guerre. Lucien, quant à lui, hésite, il aimerait défendre Lili qui l’attire ; il admire aussi Maurice. D’autant qu’il s’est découvert avec lui un lien de parenté : son pépé est enterré près de la grand-tante de Maurice, son amour de jeunesse. Lucien et Maurice seraient donc presque cousins … dans la Mort !
François Duprat réussit là une très belle chronique intimiste, évocation d’une enfance, où l’on joue à la guerre, où l’on côtoie les morts sans appréhension, où se nouent des alliances et s’amorcent des amitiés, où l’insouciance parfois a ses fêlures, lorsque les adultes s’en mêlent et que la vraie guerre s’impose. C’est de tout cela dont il est question ici, dans une histoire tout en finesse et en demi-teinte, portée par un dessin élégant et particulièrement expressif. Les gamins campagnards que Duprat met en scène et observe avec tendresse et méticulosité sont comme le miroir des adultes qui les entourent. Un album qui invite les lecteurs à réfléchir sur les choix et les chemins possibles.
« Mon cousin dans la mort » par François Duprat
Catherine GENTILE
Éditions La Boîte à Bulles (13,50 €) – ISBN 978 2 84953 204 1
(1) En fait, la première version du livre était au même format que cette édition, avec la même préface, mais en noir et blanc. Puis il y a eu une seconde édition grand format en couleurs, mais sans préface.