Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...Charlie… Un an après !

Le 7 janvier 2015, nous étions tous l’oreille collée à nos transistors, les yeux rivés sur les chaînes d’infos, afin de suivre les tragiques événements qui venaient de décapiter l’équipe de Charlie Hebdo. Un an après, alors que les hommages se multiplient, parfois tragi-comiques ou d’un humour douteux, Charlie Hebdo propose en kiosques un numéro spécial double (pour le même prix : 3 €) qui remet les pendules à l’heure. À commencer par la couverture de Riss qui rappelle ce combat contre toutes les religions qui a toujours été constant chez les dessinateurs assassinés.
Les survivants de l’attaque témoignent, d’autres racontent leur combat pour que le journal survive au désastre. Plus vraies et plus humaines que ces émissions spéciales qui déferlent sur les chaînes de radio et de télévision où le témoin le plus éloigné est mis à contribution, plus poignantes que ces articles qui remplissent quotidiens et magazines, ces 32 pages en couleurs évoquent avec force cet « esprit Charlie » que tant de spécialistes de l’info se sont approprié.
Aujourd’hui, Charlie Hebdo vend à 80 000 exemplaires — il en vendait moins de 30 000 — et compte 183 000 abonnés. Outre les quatre millions d’euros de dons qui seront distribués aux familles des victimes, le journal possède un fond de 20 millions d’euros. Riss et Éric Portheault, directeur général, sont à la tête de la société solidaire de presse par actions simplifiées : nouveaux statuts que ne partagent pas certains membres de la rédaction qui auraient préféré un actionnariat salarié.
On peut cependant regretter le manque de dessinateurs solides (ce qui n’est pas le cas pour les auteurs de textes) ayant accepté de collaborer à l’hebdomadaire orphelin des meilleurs d’entre eux, ce qui contraint Riss et Coco (après le départ de Luz) d’occuper la moitié de la pagination. Seul Philippe Vuillemin accompagne une jeune équipe prometteuse, mais manquant encore de maturité : tels Juin, Mougey, Foolz… Avis aux amateurs !
Vous l’avez compris, la lecture de ce n° 1224, tiré à un million d’exemplaires est indispensable.
Henri FILIPPINI
Notons que Les Échappés, la maison d’édition de Charlie, proposent « #jedessine », ouvrage réunissant 145 dessins de jeunes de 7 à 25 ans réalisés à la demande de Luz sur Internet, après l’attaque de la rédaction (19,90 €). Plus de 10 000 dessins ont été mis en ligne. Cette sélection est aussi émouvante que géniale.