Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« Odyssées initiatiques » par Milo Manara

Il y a des voyages initiatiques et des voyages qui peuvent devenir des odyssées. C’est le cas dans cette réédition de deux voyages signés Milo Manara, l’un vers les contrées himalayennes, l’autre vers les contrées « farwestiennes »… Cela dit, Manara en a dessiné bien d’autres qui relèvent de ces catégories car sa série « Giuseppe Bergman » n’est pas exempte d’initiations et de voyages !
L’album s’ouvre sur « L’Homme des neiges », un titre paru en France en 1979. Du tout jeune Manara, en somme, avec points et hachures à foison pour modeler ses personnages. C’est l’histoire du journaliste américain Kenneth Tobey qui, en 1921, s’intéresse aux rumeurs et aux témoignages concernant un hypothétique homme des neiges, notamment par les dires très médiatisés d’Howard Bury qui affirme avoir vu le Yéti dans le massif de l’Himalaya. Tobey est envoyé par son journal enquêter sur place. Peu à peu, il est subjugué par les montagnes du Toit du monde, les légendes, la philosophie bouddhiste et les spectres étonnants qui viennent hanter les abords des campements et les nuits de l’expédition.
Publié 20 ans après « Tintin au Tibet », on songe constamment à l’album d’Hergé en lisant ou relisant cette histoire réaliste qui vire au fantastique : notamment quand le héros se réveille dans une lamaserie le scénariste ou quand un moine a un malaise au moment du départ du journaliste. Alfredo Castelli n’a pas pu ne pas penser à l’album d’Hergé, mais il est allé très loin et de façon astucieuse dans la veine fantastique, de sorte que ce récit ancien se lit encore avec délectation.
Pour « L’Homme de papier », l’impression n’est pas la même car, pour la première version française parue sous le titre « Quatre doigts : l’Homme de papier », en 1982, Manara, seul aux commandes de son récit, joue et des joue des clichés du western. Son cow-boy amoureux d’une Gwendoline déambulant dans les canyons a quelque chose de décalé et si ce n’était la très belle Indienne qui donne toute sa raison d’être à ce road movie, on s’ennuierait un peu. Le cow-boy fou amoureux ne voit pas la superbe beauté qui l’accompagne et pourtant l’art du nu qui va faire la gloire de Manara pointe ici et là, discrètement, mais si joliment. De toutes les rencontres de cette histoire, Fesses à l’air – c’est son surnom – est le centre névralgique. Et son galop a cru reste mémorable ! Un cahier de dessins magnifiques complète l’album, préfacé par Manara.
Et très bel été !
Didier QUELLA-GUYOT ([L@BD-> http://9990045v.esidoc.fr/] et sur Facebook).
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« Odyssées initiatiques » par Milo Manara
Éditions Glénat (19, 50 €) – ISBN : 978-2-344-01607-7