Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« Les Chiens de Pripyat T2 » par Christophe Alliel et Aurélien Ducoudray

Au cours de la période qui a suivi la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, des hordes de chasseurs ont été envoyées dans la zone contaminée afin d’exterminer les animaux victimes des radiations. Aurélien Ducoudray y imagine la présence d’enfants abandonnés, réfugiés dans les sous-sols de la ville. Poignant !
Ukraine, 1986. Six mois après l’explosion du réacteur nucléaire, Sanglier, à la tête d’un commando d’hommes prêts à tout, débarque dans la zone contaminée afin d’en exterminer les animaux errants sauvages et domestiques irradiés, pour un salaire de trente roubles par tête. Il est accompagné par Pravda (un ancien de l’armée rouge), le vieux Sputnik, Petit Père et son chien Silence ainsi que par son fils Kolia, qui vit mal ce massacre. Traumatisé, ce dernier finit par rejoindre une bande d’enfants qui le conduisent au coeur de la centrale nucléaire, désormais leur domaine. Victimes de graves malformations, Mischa, Lyov, Annastasia, Sergi, Dimitri et les autres affrontent avec lucidité le mal qui les ronge.
Livrés à eux même, traqués par les aventuriers qui cherchent à les capturer afin de les vendre à des laboratoires peu scrupuleux, ils font preuve de maturité, parfois même d’humour, au coeur d’un monde à l’abandon. Kolia est rapidement adopté par la communauté des enfants de l’atome qui lui enseigne leur mode de vie pour parvenir à survivre dans cet enfer, pas vraiment conscient des dangers qui les menacent. Non loin de là, Sanglier recherche son fils, lui aussi traqué par des bandes rivales de chasseurs prêts à tuer pour s’enrichir.
Ce récit de fiction profondément humain et aux personnages attachants est imaginé par Aurélien Ducoudray, qui rend hommage aux populations victimes de la catastrophe. Après « Amère Russie », puis « À coucher dehors », il retrouve le label Grand Angle pour ce diptyque émouvant mettant en avant la tragédie vécue par ces grands oubliés que sont les orphelins de la région de Tchernobyl. Christophe Alliel, dessinateur autodidacte né en 1985, fait ses premiers pas au studio Gottferdom auprès de Christophe Arleston, signe un épisode de « Kookaburra Universe » puis « Le Ventre de la hyène ». Ce grand voyageur (il réside en Malaisie) donne aux jeunes protagonistes de ce récit des visages poignants, tout en travaillant avec minutie ses décors réalistes et vivants. Sans oublier les couleurs chaudes de Magali Paillat. Ce premier récit proposé par le duo Ducoudray/Alliel est une parfaite réussite.
Henri FILIPPINI
« Les Chiens de Pripyat T2 : Les Enfants de l’atome » par Christophe Alliel et Aurélien Ducoudray
Éditions Grand Angle (14,50 €) – ISBN : 978 2 81894 380 9