Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« Gramercy Park » par Christian Cailleaux et Timothée de Fombelle

Après avoir pratiqué avec succès l’écriture de spectacles de théâtre, de romans d’aventures et surtout de littérature jeunesse (domaine pour lequel il est certainement le plus connu), Timothée de Fombelle s’essaye au scénario de bande dessinée avec un certain tact et sens de la poésie, proposant un polar mélodramatique sublimé par le trait délicat et mélancolique de Christian Cailleaux, lequel représente, pour l’occasion, un New York années cinquante de rêve !
Une jeune Française, ancien petit rat qui a abandonné la danse pour suivre un GI dont elle est tombée amoureuse, loue le toit d’un immeuble new-yorkais pour y élever des abeilles et recueillir leur miel, comme le faisait son grand-père sur le dôme de l’Opéra de Paris. En équilibre sur ces hauteurs, elle a une vue imprenable sur un quartier où vit un implacable chef de gang qui l’observe, lui aussi, derrière la fenêtre de son appartement d’en face.
Entre les souvenirs de la jeune femme, les regrets du mafieux cherchant une consolation auprès de sa fille qui le rejette et les sombres secrets, dévoilés aux lecteurs avec parcimonie, qui lient ces deux énigmatiques personnages, se tissent, page après page, une subtile intrigue, rythmée par une agréable voix off.
Belle intrusion de Timothée de Fombelle dans le monde du 9e art et confirmation du talent graphique de Christian Cailleaux, même si ce dernier n’avait plus grand-chose chose à prouver après ses sensuelles et efficaces collaborations avec le regretté Bernard Giraudeau (« R 97, les hommes à terre » chez Casterman en 2008 et « Les Longues Traversées » chez Dupuis en 2011) ou ses biographies littéraires interprétées avec Hervé Bourhis. (1)
Notons aussi son habilité à construire des planches très réussies, sobres et classiques, dont l’agréable mise en couleurs amplifie la lisibilité.
Gilles RATIER
(1) Voir nos chroniques sur BDzoom.com : « Embarqué, carnets marins dans le jardin du commandant » : en mer avec Christian Cailleaux !, « Prévert, inventeur » par Christian Cailleaux et Hervé Bourhis, et La dernière traversée de Cailleaux et Giraudeau.
« Gramercy Park » par Christian Cailleaux et Timothée de Fombelle
Éditions Gallimard (20 €) — ISBN 978-2-07-065756-8