Une ZAC (zone d’activité commerciale) doit voir le jour dans le champ jouxtant les biens immobiliers d’une famille désargentée issue de la vieille noblesse : les Valence de Terney d’Argence… Après avoir épuisé tous les recours possibles, ces propriétaires terriens sans le sou vont sceller un accord improbable avec un groupe de militants écologistes radicaux, venus d’un peu partout en France, et créer une ZAD (zone à défendre, à l’instar de Notre-Dame-des-Landes) pour sauver ce territoire… Des nobliaux montant les barricades pour contrer les charges de CRS : voilà qui est à la fois croquignolesque et rocambolesque ! Philippe Pelaez nous a concocté, ici, une savoureuse comédie satirique décalée, doublée d’une véritable critique sociale ; le tout illuminé par le trait enlevé de Gaël Séjourné…
Lire la suite...Interview de CORBEYRAN à propos des STRYGES

Alors que se profile début avril une grande opération « Chant des Stryges » aux éditions Delcourt, avec les sorties simultanées de trois albums (Chant des Stryges – Maître de jeu et Clan des Chimères), nous revenons sur l’interview que nous avait récemment consacré Corbeyran, au sujet des Stryges.
A la différence d’autres scénaristes, Eric Corbeyran ne se catalogue pas. D’un éclectisme surprenant, sa production s’enrichit en permanence de nouveaux bijoux, comme en témoigne le récent « Le phalanstère du bout du monde » paru aux éditions Delcourt. Entretien autour du Chant des Stryges.
Laurent Turpin : Alors que « Vestiges », un nouvel épisode de votre série « Le chant des Stryges » vient de sortir, pouvez-vous nous définir ce qu’est exactement un Stryge ?
CORBEYRAN : Nous essayons de le découvrir. Je ne peux donc pas répondre directement à la question puisque c’est l’objet de la série. Un stryge est une créature, une apparition à laquelle sont confrontés les personnages des séries où elles interviennent et tout le mystère repose sur « Qui sont-elles, Que sont-elles, Que veulent-elles ? », toute une série de question qui vont nous amener peu à peu à nous pencher sur notre propre humanité.
LT : Quelle est l’origine des Stryges ?
CORBEYRAN : En terme étymologique, le Stryge est une créature féminine plutôt secondaire de la mythologie grecque. Mais elle peuple beaucoup de légendes d’autres civilisations, sous un autre nom. Nous avons donc inventorié toutes les références à des créatures ailées maléfiques et on a créé le vocable Stryge qui, par extension, signifie « créature monstrueuse qui a l’humanité sous son emprise ».
LT : On retrouve ces créatures à travers les âges, peuplant plusieurs séries …
CORBEYRAN : De manière exhaustive et en descendant le temps, on trouve d’abord une série médiévale, « Le clan des chimères » (1 tome avec Suro). Puis vient Le maître de jeu (2 tomes avec Charlet), dont l’action se déroule sur une île retirée, à notre époque, avec des flash-backs au 19ème siècle. Le chant des Stryges (5 tomes avec Guérineau ) – la série mère – est situé de nos jours à New York. Ces trois séries seront prochainement complétée par une quatrième, dans un univers de science fiction : Les Hydres d’Arès (1 tome à venir début 2002 avec Moreno).
LT : A quelle époque se situera cette quatrième série ?
CORBEYRAN : Aux alentours de 3400 … et des brouettes !
LT : Les Stryges ont donc encore une longue vie ?
CORBEYRAN : C’est exactement ce que j’essaye de vous dire ! (rires) Ils sont très vieux et ont de l’espérance de vie.
LT : Y-a-t’il d’autres séries prévues dans cet univers, en plus de ces quatre ?
CORBEYRAN : Non, pas pour le moment.
LT : Ne courrez-vous pas le risque, même si l’univers des Stryges se limite à ces quatre séries, d’en faire trop ?
CORBEYRAN : Nous essayons, avec les différents dessinateurs qui travaillent avec moi, d’aborder le thème de manière originale et dans des registres radicalement différents. Pour vous donner un exemple : les toutes premières images du « Maître de jeu » sont constituées d’apparitions de Stryges alors que l’album entier du « Clan des chimères » n’en recèle aucune trace, à l’image tout au moins. On aborde à chaque fois un aspect différent du mythe avec des dessinateurs qui ont une personnalité différente et sans se répéter. Il faut dire aussi que les différentes séries dont nous avons parlé se lisent tout à fait indépendamment les unes des autres, même si, mises en perspective les unes par rapport aux autres, on obtient quelque chose d’encore plus fort. Il n’est pas nécessaire d’avoir lu « Le chant des Stryges » pour comprendre « Le clan des Chimères », et vice-versa. C’est un argument fort pour les lecteurs qui craindraient de s’ennuyer ou de voir la série tourner en rond.
A suivre…