Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...Dans « Au cœur des solitudes », Lomig célèbre la nature, en évoquant l’action pionnière de John Muir…

Lomig est un autodidacte et talentueux auteur de bande dessinée rennais, membre de l’atelier Pepe Martini, dont nous avons très tôt mis en avant les parutions sur notre site (1). Après son « Dans la forêt » — sélectionné pour de nombreux prix en 2020, dont celui de Fnac/France Inter et Landerneau, avec 25 000 exemplaires vendus —, il récidive chez le même éditeur (Sarbacane) avec une autre ode à la nature vierge, illuminée par son beau trait fin entre noir et sépia. Il s’agit de l’évocation du road trip qu’effectua John Muir, écrivain et botaniste américain considéré comme l’un des premiers écologistes modernes, entre le moment où, juste après la fin de la Guerre de Sécession, il craint de perdre la vue et celui où il découvre une vallée dans la Sierra Nevada : celle de Yosemite, qu’il va contribuer à sanctuariser en premier parc national.
En 1867, John Muir, un jeune homme de 29 ans, se blesse gravement aux yeux en travaillant dans une scierie qui tourne à plein régime, car la courroie d’une machine a lâché et une lime coincée dans un engrenage lui a giclé au visage. Après des mois d’incertitude rédemptrice et d’une convalescence quasi mystique où il doit être confiné dans une chambre obscure, il recouvre miraculeusement l’utilisation de ses yeux et, par l’épreuve surmontée, trouve ainsi un sens à sa vie.
S’étant promis de p découvrir le monde et ses merveilles s’il guérissait, il va tout quitter pour partir plein sud, à la rencontre de la nature sauvage. Il va alors parcourir des centaines de kilomètres, à pied, de l’Indiana à la Floride, puis en bateau jusqu’à Cuba où il va être atteint de malaria, et poursuivra son périple en paquebot destination San Francisco, via New York. Enfin, il marchera dans la Sierra Nevada, vers la fameuse vallée de Yosemite qu’il découvre en juillet 1869 et où il verra « comme il n’avait encore jamais vu. » Plus de 30 ans plus tard, il fera grimper sur les hauteurs de Yosemite le président Roosevelt, pour le convaincre de classer le site en zone protégée.
Au fil du voyage de ce personnage extraordinaire, nous découvrons ses différentes approches avec la nature quasiment inviolée dans les endroits les plus reculés, ainsi que ses rencontres avec les hommes qu’il croise sur sa route : dont quelques dangereux soldats du Sud en déshérence ou esclaves affranchis jetés hors des anciennes plantations.
Dans ce très bel écrin (grand format, couverture cartonnée et papier épais), et avec son trait détaillé et lumineux mis en valeur par l’encre de Chine, Lomig nous offre, tout au long de ces 160 pages — auxquelles se rajoute un cahier final riche en informations sur John Muir — un récit contemplatif et poétique qui invite à la réflexion, et nous incite à nous interroger sur l’avenir de notre planète.
(1) Sur les premiers albums de Lomig voir : « Magic Dream Box » par Lomig et « Vacadab : bienvenue dans le système » par Lomig.
« Au cœur des solitudes » par Lomig
Éditions Sarbacane (29 €) — EAN : 9 782 377 318 124