« Les Aventures de Gérard Crétin » est une bande dessinée en une page proposée dans le mensuel Mikado des éditions jeunesse Milan, entre 1989 et 1994, et c’est la première série de gags que l’immense Florence Cestac (1) a créée spécifiquement pour la presse ! Son antihéros a tendance à être vantard et gaffeur : il croit souvent savoir tout faire mieux que les autres et être le meilleur en tout… Mais il est quand même attachant, car terriblement naïf ! Ainsi, il enchaîne les situations hilarantes et embarrassantes, incarnant, avec une tendre absurdité, certains travers humains. Le trait de la reine du gros nez en BD y est déjà unique, même si elle juge avoir fait quelques progrès depuis. Mais comme le dit elle-même : « un petit coup de nostalgie, ça ne peut pas faire de mal ! »
Lire la suite...« Octopolis » : plus fort que « Le Grand Bleu » ?

Préparez-vous à une incroyable immersion ! Dans les pas de Mona qui recherche son père, paléontologue, Gaétan Nocq a décidé de nous faire visiter les bas-fonds : ceux de la Méditerranée, puis ceux du Pacifique, à la rencontre de créatures aussi fantastiques qu’insoupçonnées… Du grand spectacle ! Et du très grand bleu…
Tout commence avec une jeune femme qui n’a plus vu son père depuis des années et qui vient d’apprendre sa disparition. Disparition ? Pas si simple ! Mona se met à enquêter. Qu’est-il devenu ? Où a-t-il disparu ? Pourquoi ? Est-il encore possible de le retrouver ? Plus elle cherche et plus tout se complique.
Parallèlement à cette enquête familiale, nous plongeons littéralement, par séquences, dans l’histoire du vivant et des écosystèmes aquatiques, l’auteur décrivant d’abord les cellules et leur évolution – et si vous ignoriez tout des « cténophores », vous en saurez tout, désormais ! -, les séquences didactiques alternent brillamment avec l’enquête. Rien de pesant, en effet, tant la mise en scène est belle.
C’est bientôt le tour des céphalopodes, ces mollusques qui se meuvent alors sous nos yeux comme au ralenti : un ballet de créatures en tous genres, aussi monstrueuses d’allure que fascinantes, un ballet phénoménal de dizaines de noms recensés en fin d’ouvrage, comme on indique des personnalités et la page où on les croise dans une biographie.
Le voyage commence au Muséum national d’histoire naturelle, à Paris, se poursuit sur la Côte bleue, en Méditerranée (où l’héroïne s’initie à la plongée – et le lecteur également !), dans les calanques face à l’archipel du Frioul, pour finalement nous transporter aux Îles Salomon, plus précisément dans un atoll nommé Clipperton. Sans oublier de fréquentes immersions dans les abysses. Comme dit Mona : « C’est flippant ! »
Avec « Les Grands Cerfs » (adaptation du roman de Claude Hunzinger publiée en 2021 chez le même éditeur), Gaétan Nocq nous avait habitué à l’excellence de son travail. Les couleurs bleutées et floutées, rosées quelquefois, y incitaient déjà à la contemplation, à la pause admirative. Ce « thriller écologique » était aussi un fascinant voyage au fil des saisons forestières et une réflexion sur la préservation de la nature et la disparition des espèces sauvages, dans les Vosges, où des chasseurs préparaient un massacre…
Quand on referme ce « thriller écologique », on est tout autant impressionné par ces mondes sous-marins que par le patient et très beau travail graphique et chromatique que Gaétan Nocq déploie sur 264 pages, dans chaque page, dans chaque case, pour nous émouvoir, nous éblouir (et nous instruire).
Didier QUELLA-GUYOT
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« Octopolis » par Gaétan Nocq
Éditions Daniel Maghen (30 €) – EAN : 9782356741523
Parution 2 mai 2024