Disparu il y a déjà sept ans, René Pétillon — bien connu pour ses dessins d’humour dans Le Canard enchaîné, mais aussi pour son inénarrable détective Jack Palmer dont l’enquête corse a notamment fait parler de lui, car adaptée au cinéma — (1) avait travaillé, depuis 2008, sur ce scénario quasiment achevé. Bien qu’il en ait également assuré partiellement le découpage et les crayonnés (donc, il ne restait pratiquement plus qu’à dessiner l’album), il avait abandonné cet ultime projet pour différentes raisons, dont la nécessité d’honorer d’autres entreprises en cours. C’est le célèbre Manu Larcenet (2), récemment auréolé de son adaptation de « La Route », qui a été approché pour s’approprier l’histoire, la terminer et la mettre en images : un très bon choix !
Lire la suite...Des soldats d’honneur
Le début :Görk et Krag sont frères. Soldats de la Géhenne, ils gardent une porte secrète du Donjon. La porte étant peu usitée, ils s’ennuient. Jusqu’à ce qu’un vieillard aveugle oblige Krag, seul ce jour-là, à appeler du renfort …
Le début :Görk et Krag sont frères. Soldats de la Géhenne, ils gardent une porte secrète du Donjon. La porte étant peu usitée, ils s’ennuient. Jusqu’à ce qu’un vieillard aveugle oblige Krag, seul ce jour-là, à appeler du renfort pour l’empêcher d’entrer. Parce qu’il n’a pas rempli sa mission, Krag est condamné à être tué en plein désert par son propre frère…
Notre avis : Attention : chef d’œuvre ! Les « Donjons », à qualités inégales (comment pourrait-il en être autrement pour une collection de 5 séries dérivées totalisant déjà 25 titres), se suivent, mais ne se ressemblent pas. Avant le nouveau « Potron Minet » de Blain et les deux « Monsters » de Bercovici et Stanislas, tous prévus en 2006, c’est à Bézian qu’a fait appel le duo Trondheim & Sfar pour illustrer « des soldats d’honneur ». Illustrer est bien le verbe qui convient dans ce récit sans dialogue, dont les textes reflètent, en « voix off », les pensées de Görk, soldat aveuglément discipliné. Des pensées poignantes et résignées. Cette tragédie (grecque) sombre, violente où règne le désespoir et la mort est sublimée par le dessin de Bézian et couleurs de Walter qui renforcent l’atmosphère oppressante d’un récit (monstrueusement) existentiel. Du grand art. LT