Créé par William Vance en 1965 pour le journal Tintin, le personnage de Ray Ringo est convoyeur, chargé d’escorter les diligences de la Wells Fargo. Six histoires ont été réunies et éditées en deux albums par Le Lombard en 1967 et1968 (notamment sur des scénarios de Jacques Acar), suivis en 1978 par un dernier retour (scénarisé par André-Paul Duchâteau), le tout publié en intégrale en 2004, puis plus récemment en 2022 (1).
Lire la suite...Le retour de Ringo : du très bon western classique !

Créé par William Vance en 1965 pour le journal Tintin, le personnage de Ray Ringo est convoyeur, chargé d’escorter les diligences de la Wells Fargo. Six histoires ont été réunies et éditées en deux albums par Le Lombard en 1967 et1968 (notamment sur des scénarios de Jacques Acar), suivis en 1978 par un dernier retour (scénarisé par André-Paul Duchâteau), le tout publié en intégrale en 2004, puis plus récemment en 2022 (1).
Ce retour inattendu — comme ceux de « Bob Morane » ou « Bruno Brazil », auparavant dessinés par Vance (2) — a été permis grâce à un scénario d’Éric Corbeyran. Au dessin, Roman Surzhenko (qui a à son actif plusieurs séries des « Mondes de Thorgal », « Durango — La Jeunesse », et « Thorgal Saga : Shaïgan ») le ressuscite magnifiquement, de façon classique, efficace, presque plus détaillée que l’original. Il s’agit clairement d’une BD de genre, à prendre au premier degré, très bien menée et très agréable. Surzhenko franchit cette nouvelle étape avec une aisance déconcertante.
Concurrencée par le train qui se développe, la Wells Fargo est obligée de réduire l’ampleur de ses activités, et notamment le budget des convoyeurs qui assurent la sécurité de chaque transport. Ray Ringo, à New York en cette année 1861, vient rencontrer le vieux Gus, le responsable local de la compagnie, pour lui annoncer qu’il arrête ce travail. Mais le vieux briscard parvient, difficilement, à le convaincre d’effectuer une dernière mission : le convoyage — de Rapid City à Carson City — d’un passager de marque (Clemens, secrétaire d’État du Nevada), pour traiter une affaire de mine d’argent.Au même moment, Ringo apprend par télégramme que la diligence conduite par sa fiancée(Lean) a été attaquée, et que, blessée, celle-ci est soignée à Independance Rock. S’il escorte le convoi, Ringo pourra passer là-bas : c’est sur son itinéraire ! En attendant le départ, Ringo fait route avec Sipi : un métis Indien-Irlandais,qu’on appelle Jerry, et qui accompagnera notre héros.
Sur le chemin, un relais a été incendié et tous les hommes présents ont été tués, sauf un survivant qui peut décrire — un peu — le chef des agresseurs (en particulier ses bottes en peau de serpent). Ringo décide alors de suivre seul cette piste, pressentant que la bande pourrait être celle ayant attaqué la diligence de Lean. Il va croiser de curieux mormons, escortés par un homme recherché… Puis, agressé par la bande d’un certain Slim et parvenant à se dégager, Ray retrouve la trace des ravisseurs de Lean et parvient même à la rejoindre. Mais l’aventure n’est pas terminée…
En faisant revivre Ringo, les auteurs reviennent à la manière traditionnelle de raconter des histoires de western. Si l’exercice paraît parfois naturel, parfois daté, l’album fonctionne admirablement : on suit les péripéties avec fluidité et plaisir. Les méchants sont affreux, les héros et héroïne sont positifs et basta ! À côté d’excellentes BD de western aux styles très variés (« Bouncer », « Undertaker », la série sur l’Ouest de Tiburce Oger, les chefs-d’œuvre existants ou futurs de Paul Gastine…), aux histoires ou aux traitements plus complexes, cet album de Ringo tire un avantage paradoxal. Comme dans le cas de « La Venin », ou la série historique de Glénat, ou encore l’italien « Tex », sa force est dans son classicisme. Le dessin très solide — et surtout très beau — de Surzhenko respecte les canons du genre, dégagés depuis des décennies, par Jijé, Jean Giraud, Hermann, Franz, Michel Rouge et leurs nombreux héritiers.
Le dessinateur d’origine russe, travaillant surtout pour la France et la Belgique, prouve qu’il était l’artiste pertinent pour appliquer ce cahier des charges. Son plaisir du dessin est même communicatif. Vance était à ses débuts pour les deux premiers albums, et, sans irrespect, on constate que Surzhenko — qui semble avoir plus de souplesse et de richesse graphique — a réalisé une œuvre beaucoup plus élaborée.
Ah le beau western ! « À suivre », est-il écrit en fin d’album : pourvu que les lecteurs suivent également. Avis aux amateurs !
Patrick BOUSTER
(1) Voir sur BDzoom.com : « Ringo » : un western mythique de William Vance proposé en une seule intégrale !.
(2) À propos de William Vance, voir également : « Monographie William Vance » : la bande dessinée dans la peau !, William Vance dans Femmes d’aujourd’hui (1re partie), William Vance dans Femmes d’aujourd’hui (2e partie) et William Vance : disparition d’un maître de la BD réaliste….
« Ray Ringo T1 : La Porte du diable » par Roman Surzhenko et Éric Corbeyran
Éditions Le Lombard (15,95 €) — EAN : 9782808216036
C’est très réussi !
Très bel opus, et bel hommage à Vance. Du classique parfaitement maîtrisé.