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Tia remonte à la surface pour un récit d’initiation au cœur des travers de notre société…

06/07/2025
Par Laurent Lessous

Les catacombes de Paris sont depuis longtemps un lieu de fantasmes et de rêveries. Ses galeries creusées dans d’anciennes carrières souterraines s’étendent sur des centaines de kilomètres, 20 mètres sous terre. Et si sous ce premier degré existaient d’autres niveaux, jusqu’à un septième peuplé par une communauté souterraine isolée de ceux de la surface. C’est ici que grandit Tia : une préadolescente aventureuse qui veut découvrir ce qu’il se passe dans les rues de la capitale.

Paris ne s’est pas fait en un seul jour, la métropole de 12 millions d’habitants s’étend maintenant très loin de son site originel de l’île de la Cité. De gigantesques carrières existent sous le sol de la capitale ; plus de 300 km de galeries, d’où l’on a extrait pendant des siècles le calcaire et le gypse nécessaire à la construction de maisons et d’immeubles.

Les auteurs de « Tia et le monde enfoui » imaginent que, sous ses premiers niveaux souterrains, existent d’autres degrés jusqu’à un septième niveau secret, connu uniquement de ses habitants. C’est ici que vit, en autarcie, une petite communauté dans un village paisible, à l’ancienne. Ils se sont réfugiés dans ce monde souterrain pour fuir les mauvaises valeurs d’une société contemporaine dangereuse.

La communauté du peuple taupe est dirigée, depuis son origine, par celle que l’on appelle la Doyenne. Elle a instauré des règles strictes notamment l’interdiction de se rendre dans les niveaux les plus proches de la surface pour préserver la quiétude du groupe. Evidemment, cela n’est pas du goût des plus jeunes et notamment de Tia : une préadolescente qui brave tous les dangers pour déambuler dans les étages interdits, avec son amie Léna.

Ce ne sont que des amusements de gamines, jusqu’au jour où elles apprennent qu’un parking géant souterrain va être bientôt creusé : ce qui remet en question le mode de vie de toute la communauté. Malgré la sévère loi de la Doyenne, Tia part tête baissée dans une aventure à la surface dans l’espoir un peu fou d’empêcher ce chantier destructeur. Malgré les embûches inhérentes à ses démarches dans une ville qu’elle ne connait pas, la jeune fille fait des rencontres enrichissantes de tout genre : d’une SDF philosophe au tendre et jeune Elie Loiseau, lequel n’est autre que le fils de l’architecte en charge du projet.

« Tia et le monde enfoui » page 9.

Prépublié dans le magazine Je bouquine « Tia et le monde enfoui » est une bande dessinée jeunesse riche d’aventures aux multiples rebondissements. Mais ce récit d’initiation original est aussi porté par des belles thématiques : de la tolérance face aux différences de toutes sortes à la lutte contre le harcèlement scolaire et de la non-acceptation des inégalités et de l’exclusion sociale au refus de tout préjugé et discrimination.

Si le monde d’aujourd’hui, avec son individualisme et la recherche effrénée des profits est critiqué, la société presque utopique du peuple des taupes n’est pas épargnée, avec une gourou au pouvoir presque absolu sur une petite secte qui n’entend pas se remettre en question d’elle-même.

Les pérégrinations de la très vive Tia sont l’occasion de mettre à l’épreuve les valeurs éternelles de l’amitié, de l’entraide, et de souligner la nécessité de garder vivace l’esprit de ses racines.

C’est Thomas Le Petit-Corps qui a écrit ce riche récit. Si c’est son premier scénario de bande dessinée, le Pontyvien est un redoutable auteur et scénariste de récits sur tous les supports : podcasts, animations ou escape games.

Gabriele Bagnoli illustre, avec dynamisme et une riche gamme de couleurs, les aventures de Tia. Nous avions déjà remarqué le talent du dessinateur italien sur les séries « Tâvutatèt » et « La Bulle ». Il souligne parfois avec des expressions bien rendues les touches d’humour apportées par son scénariste.

À vous de découvrir Tia, ses amies et ses voyages souterrains dans une bande dessinée qui est peut-être le début d’une série au long-cours, la fin de ce récit étant ouverte à une suite que de jeunes lecteurs dès 11-12 ans attendent d’ores et déjà.