Dès le début des années 1970, la toute puissante bande dessinée franco-belge classique est mise en danger par une nouvelle génération d’auteurs et l’arrivée de journaux novateurs destinés à un lectorat adulte. À la fois témoin et acteur, Dominique Hé évoque non sans nostalgie ces années 1971–1977 qui ont révolutionné le neuvième art. Un ouvrage passionnant, jamais prétentieux, qui revient non sans humour sur ces folles années aujourd’hui livrées aux nostalgiques.
Lire la suite...« La Porte ouverte » : Dominique Hé évoque les premiers pas de la « nouvelle BD »…

Dès le début des années 1970, la toute puissante bande dessinée franco-belge classique est mise en danger par une nouvelle génération d’auteurs et l’arrivée de journaux novateurs destinés à un lectorat adulte. À la fois témoin et acteur, Dominique Hé évoque non sans nostalgie ces années 1971–1977 qui ont révolutionné le neuvième art. Un ouvrage passionnant, jamais prétentieux, qui revient non sans humour sur ces folles années aujourd’hui livrées aux nostalgiques.
1971 : après des études sérieuses en province — en agronomie —, le jeune Dominique Hé débarque sans le sou à Paris avec l’espoir de vendre ses toiles. Ridiculisé par les galeries, déçu par les Beaux-Arts, il échoue à l’université expérimentale de Vincennes où le hasard le conduit à fréquenter un atelier dédié à la bande dessinée animé par Jean Giraud (alias Mœbius).
Une longue initiation débute pour le jeune provincial, qui finit par publier une première histoire écrite par Jean Giraud dans les pages prestigieuses de Pilote. Gardien — la nuit — des ateliers du premier étage de la fac, pour survivre, il fait connaissance avec d’autres élèves, pour la plupart futures stars du neuvième art : Serge Le Tendre, André Juillard, Régis Loisel, Jean-Claude Mézières, Philippe Druillet, François Dimberton, Frank Margerin, Marcel Gotlib, Alejandro Jodorowsky, Claire Bretécher, Yves Chaland, Chantal Montellier, Paul Gillon… et même Jacques Martin.
Il fréquente aussi les rédactions pour le moins hautes en couleur des magazines de la nouvelle BD, croisant la route de René Goscinny, Jean-Pierre Dionnet, Philippe Manœuvre, Nikita Mandryka, Guy Vidal… La publication de son premier album, « Voyages », en 1977, aux Humanoïdes associés marque les véritables débuts de la carrière du jeune dessinateur, lequel — aujourd’hui encore — propose de nouvelles créations (dont le présent ouvrage).
Dominique Hé évoque avec nostalgie et pudeur ce que fut l’âge d’or d’une période faste pour la bande dessinée, une discipline enfin reconnue comme un art à part entière. Son trait inspiré par la « ligne claire » invite à retrouver les lieux familiers fréquentés par cette nouvelle génération d’auteurs, véritables protagonistes de ce récit : des rédactions au festival d’Angoulême, des séances de dédicaces aux terrasses des cafés où les discussions vont bon train.
Quelque 108 pages de découvertes pour les plus jeunes, de nostalgie pour les plus anciens. Chanceux témoin de ces folles années, c’est avec un réel plaisir que l’auteur de ces lignes a dévoré cet album, retrouvant avec émotion lieux et personnages, restitués avec une redoutable mémoire par un auteur essentiel de ces 50 dernières années.
Des textes inédits signés François Dimberton, Frank Margerin, Jean-Pierre Dionnet, Serge Le Tendre… accompagnent ce récit initiatique richement documenté.
Dominique Hé, né le 12 juillet 1949 aux Sables-d’Olonne, suit des études d’agronomie, puis rejoint Paris en 1971 afin de vendre ses peintures. C’est aux cours suivis à l’Université de Vincennes qu’il rencontre Jean Giraud/Mœbius, lequel lui écrit ses premiers scénarios. Ses travaux sont publiés dans Pilote, Rock & folk et surtout Métal hurlant où il crée « Marc Mathieu ». Il dessine « Alex Lechat » dans Le Journal de Mickey tout en débutant une longue collaboration avec les éditions Glénat : « Mémoires d’un aventurier » avec François Dimberton, « Tanatha » avec Patrick Cothias, « Sophaletta » avec Erik Arnoux, « Secrets bancaires » avec Philippe Richelle, « Alfred Hitchcock » avec Noël Simsolo. Il réalise depuis quelques années des polars aux ambiances « années cinquante », sous forme de diptyques écrits pas Noël Simsolo. À 76 ans, il revient sur l’âge d’or de la nouvelle BD dont il fut un des brillants artisans.
Henri FILIPPINI
« La Porte ouverte » par Dominique Hé
Éditions Glénat (23 €) — EAN : 9782344054764
Parution 27 août 2025