Ferrandez nous offre, dans un beau et grand livre de 150 pages (au format valorisant son trait et ses aquarelles), le premier tome d’un diptyque passionnant : un évident clin d’œil à ses premiers « Carnets d’Orient » ! Il s’agit de la biographie romancée du chevalier Théodore Lascaris qui a vraiment existé : un jeune Niçois, issu d’une ancienne famille, qui doit quitter la France en 1792 pour échapper aux révolutionnaires. Son escapade commence à Nice, se poursuit en Italie, à Malte, et se termine en Égypte, où ce descendant présumé des empereurs de Byzance rejoindra, six ans plus tard, la campagne d’un certain Napoléon Bonaparte, dont il deviendra l’agent de renseignements. L’auteur, inspiré, renoue brillamment avec l’aventure historique : avec un grand A !
Lire la suite...Jacques Ferrandez retrouve, dans ses carnets, les « Orients perdus »…

Ferrandez nous offre, dans un beau et grand livre de 150 pages (au format valorisant son trait et ses aquarelles), le premier tome d’un diptyque passionnant : un évident clin d’œil à ses premiers « Carnets d’Orient » ! Il s’agit de la biographie romancée du chevalier Théodore Lascaris qui a vraiment existé : un jeune Niçois, issu d’une ancienne famille, qui doit quitter la France en 1792 pour échapper aux révolutionnaires. Son escapade commence à Nice, se poursuit en Italie, à Malte, et se termine en Égypte, où ce descendant présumé des empereurs de Byzance rejoindra, six ans plus tard, la campagne d’un certain Napoléon Bonaparte, dont il deviendra l’agent de renseignements. L’auteur, inspiré, renoue brillamment avec l’aventure historique : avec un grand A !
Niçois d’adoption, Ferrandez connaît bien la vieille famille des Lascaris qui a laissé un palais, devenu musée, dans cette ville de la Côte d’Azur que l’on surnomme Nissa la Bella. Il s’est donc attardé sur la destinée d’un quasi-inconnu, pourtant issu des nombreuses lignées de cette dynastie : un jeune homme singulier et insouciant qui s’adonnait au dessin, à la peinture et à la musique.
Après avoir côtoyé à Nice les aristocrates, prélats et autres magistrats, chassés par la Révolution française de 1789, et craignant le sort que le conseil exécutif de la 1re République pourrait lui réserver, Théodore Lascaris, comte de Vintimille, aspire à de nouveaux horizons et largue les amarres pour commencer une vie d’aventurier.
Sur une frêle goélette, il embarque d’abord pour la commune italienne de la province d’Imperia, en Ligurie, dont sa famille a conservé le titre… Il trouve asile chez une vieille tante, puis rejoint Malte. Grâce à son éducation et son amour des arts, il devient l’ami de l’influent chevalier de Saint-Alban. Jusqu’en 1797, son protecteur joue de ses relations, l’introduisant entre autres auprès du grand maître de l’ordre de Malte, avant qu’il s’aperçoive qu’ils convoitent la même femme… Théodore doit alors fuir à nouveau !
Les événements l’amèneront à être présenté à Bonaparte qui, en route vers l’Égypte en 1798, a fait main basse sur l’île. Celui qui n’est encore qu’un général de la République nommé par le Directoire pour s’emparer de l’ancien pays des pharaons, après qu’il se soit couvert de gloire en Italie, enrôle notre nobliau désargenté dans l’armée d’Orient.
Arrivé au Caire, on ne lui confie, pour le moment, que d’ennuyeuses charges administratives. Elles lui laissent cependant le loisir d’apprendre quelques rudiments d’arabe, de s’habiller à l’orientale, et de s’éprendre d’une belle esclave géorgienne échappée du harem d’un prince mamelouk. Il intègre ensuite la Commission des sciences et des arts… Pendant ce temps-là, Napoléon démolit une partie de la ville pour mater les révoltes, feignant de libérer les populations au nom de l’Islam, tout en consolidant les fortifications et la circulation de son armée…
Le personnage de Théodore Lascaris nous rappelle celui du peintre orientaliste fictif Joseph Constant : le protagoniste du premier « Carnets d’Orient » du même Ferrandez, lorsque ce dernier débarqua à Al Djezaïr, en Algérie, en 1836. D’ailleurs, étant donné que la parenté graphique entre les deux albums est aussi de mise, le lecteur tombera aisément sous le charme des pages réalisées par notre artiste à la déjà longue carrière (1), lequel s’est appuyé sur de nombreuses images ou peintures de l’époque, puis, comme à son habitude, les a ensuite magnifiquement aquarellées.
Gilles RATIER
P.-S. Et pour les heureux habitants de Nice ou des alentours, le lancement de l’album s’accompagne, en plus d’une édition dédiée, d’une magnifique exposition au musée Lascaris…
(1) Sur Jacques Ferrandez, voir sur BDzoom.com : Jacques Ferrandez donne des suites à sa série-fleuve algérienne…, « Frères de terroirs » par Jacques Ferrandez et Yves Camdeborde, « L’Étranger » par Jacques Ferrandez [d’après Albert Camus], « Alger la noire » : la BD de Jacques Ferrandez tirée du polar de Maurice Attia, Jacques Ferrandez exposé à Blois, « Terre fatale » de Jacques Ferrandez, La guerre fantôme de Jacques Ferrandez…
« Orients perdus : l’aventure de Théodore Lascaris T1 Nice, Malte, l’Égypte » par Jacques Ferrandez
Éditions Maghen (23 €) — EAN : 9782356741905