La rencontre improbable d’un collégien timide et d’un pirate cruel…

Être orphelin de ses deux parents à 10 ans c’est une tragédie. Habiter avec un oncle célibataire dans un musée poussiéreux, ce n’est pas drôle au quotidien. Alors le timide Max développe une grande imagination ; il se rêve chevalier solitaire ou fier guerrier prenant des leçons d’escrime. Ainsi, il croit être victime d’hallucination quand le pirate peint dans un tableau anonyme se met à l’apostropher. Seulement, c’est n’est pas une illusion mais le début de grandes aventures.

Dans une petite ville portuaire, la vie de Maxence s’écoule sans fantaisie. Depuis la mort de ses parents, il habite dans l’appartement de fonction de son oncle, au-dessus du petit musée communal. Très timide, voire anxieux, il souffre d’énurésie la nuit et passe ses journées seul à l’école, se glissant sans un monde imaginaire dans lequel il devient un chevalier courageux, escrimeur hors-pair mais aussi savant.

Il n’a pas d’ami de son âge et communique difficilement avec un oncle bienveillant mais maladroit. Une nuit, tout heureux d’être réveillé pour aller aux toilettes avant de souiller ses draps, il découvre un mystérieux duo de voleurs qui arpente les allées du musée. Terrifié, il se cache dans une réserve. Il est cependant découvert par les cambrioleurs qui semblent se passionner pour un tableau anonyme représentant un pirate. Bobo, un grand géant un peu simplet, homme à tout faire du musée, le sauve de cette situation délicate mais il a semblé à Maxence que le pirate portraituré lui avait fait un clin d’œil lors de l’algarade.

« Max et Cornélius T1 : Le trésor du roi des noyés » page 4.

Intrigué, il se renseigne sur le portrait caché dans une pièce reculée du musée. Il s’agit de Cornélius Black, un pirate redouté pour sa cruauté. Il était surnommé « Le Roi des noyés » car il provoquait dans l’océan la noyade de ses prisonniers dans une cage. A la suite de l’enlèvement de la fille d’un roi il obtient que le peintre de la cour fasse son portrait, mais ce faisant il tombe dans un piège. Il se retrouve enfermé dans le tableau et conserve par devers lui son secret : l’endroit où il a caché son trésor.

C’est pour cela que quelques siècles plus tard un duo d’antiquaires cherchent à voler la toile, pensant que le secret s’y trouve toujours. Leur agitation provoque le réveil du pirate colérique, toujours prisonnier dans deux dimensions, mais pouvant apostropher ceux qu’il voit. Il développe une belle amitié avec Max et Mirabelle, une jeune fille qui se passionne aussi pour les pirates. Ensemble, ils protègent le trésor du forban, bien caché mais pas si loin du petit port où ils résident.

Il est toujours plaisant de chroniquer une nouvelle série jeunesse des éditions Dupuis. C’est souvent, si ce n’est toujours, gage de qualité tant dans l’écriture que dans le dessin. La série « Max et Cornélius » est l’œuvre d’un duo d’auteurs néophytes ou presque. C’est la première bande dessinée publiée du jeune Alec Veniel alors que le scénariste Franck Soullard a surtout écrit pour la télévision et pour des plateformes notamment de Webtoon telles que Die and Retry. Il mêle ici habilement les genres :  piraterie, fantastique et fait de société. En effet l’histoire d’un vrai pirate sanguinaire, qui se révèle plus humain au fil du récit, croise celle d’un orphelin solitaire et isolé et même parfois harcelé et cela par le biais de la magie d’un tableau où un peintre a emprisonné le marin ténébreux et amoureux.

« Max et Cornélius T1 : Le trésor du roi des noyés » page 7.

Quoi qu’encore perfectible, le dessin d’Alec Veniel est tonique et performant pour retranscrire les émotions des jeunes personnages ou les colères de Cornélius. Le dessinateur donne naissance à plusieurs lieux d’une ville crédible dans sa géographie urbaine et naturelle. Les couleurs contrastées et lumineuses de Charlotte Cousquer participent à la lisibilité de cette bande dessinée jeunesse. Dans cet ouvrage sincère plusieurs séquences de grande émotions traitent de thématiques qui parlent aux jeunes lecteurs comme l’énurésie, la phobie scolaire ou la naissance du premier sentiment amoureux.

Cette riche intrigue dispose de tous les ingrédients pour enthousiasmer des lecteurs dès 10 ans car ils peuvent se reconnaitre dans un jeune héros transportés dans des aventures de pirates teintées de fantastique. Un croisement des genres réussi pour une série jeunesse attachante et prometteuse.

« Max et Cornélius T1 : Le trésor du roi des noyés » page 24.

Laurent LESSOUS (l@bd)

« Max et Cornélius T1 : Le Trésor du roi des noyés » par Alec Veniel et Franck Soullard

Éditions Dupuis (13,50 €) — EAN : 9782808505819

Parution 12 septembre 2025

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