On connait l’expression « république bananière », mais derrière cette étiquette se cache d’abord une histoire, peu reluisante, celle effectivement du commerce des bananes par de grandes multinationales – notamment la plus célèbre, la United Fruit Company – qui ont exploité et corrompu sans compter (sauf leurs bénéfices !) les pays d’Amérique centrale…
Lire la suite...L’étonnante histoire de « Sam the Banana Man »…

On connait l’expression « république bananière », mais derrière cette étiquette se cache d’abord une histoire, peu reluisante, celle effectivement du commerce des bananes par de grandes multinationales – notamment la plus célèbre, la United Fruit Company – qui ont exploité et corrompu sans compter (sauf leurs bénéfices !) les pays d’Amérique centrale…
Jack Manini s’est évidemment inspiré des méthodes de ces compagnies américaines sans scrupules pour évoquer l’ascension d’un adolescent de 14 ans : Samuel, débarqué seul aux Etats-Unis, après avoir miraculeusement survécu à un pogrom, en Roumanie ; ses parents paysans n’ayant pas eu cette chance.
Quand il débarque à Ellis Island, deux ans plus tard, il lui faut encore tout faire pour survivre. La Paradis qu’il espérait ne répondant pas à ses attentes, il lui faut une fois encore tenter l’aventure courageusement en embarquant clandestinement sur un cargo pour le Guatemala. Il constitue alors le genre de passager qu’on peut jeter à la mer sans état d’âme. Heureusement, il y rencontre Tommy, clandestin lui aussi, bien décidé à rejoindre ce pays pour travailler pour la United Fruit Company !
Les deux compères commencent donc ensemble une vie d’aventures, avec l’ambition de réussir. Ce n’est que le début des déboires, car ce qu’ils découvrent suppose bien de résistance et de résilience. Le Guatemala est alors sous domination américaine : président, armée, population… nul n’échappe à Minor Cooper Keith, grand patron de l’UFC, grand exploiteur, et pour tout dire esclavagiste !
« Banana Story », c’est avant tout l’histoire de ces deux « frères d’armes » qui se doivent la vie, qui s’entraident, s’opposent ou s’affrontent (notamment pour l’amour de Jimena), dans un univers d’une violence inouïe. Un nouveau contremaitre décide même de virer les Guatémaltèques, trop fainéants à son goût, pour faire venir des Jamaïcains ou des Mexicains. Qu’importe la provenance de la main-d’œuvre pourvu qu’elle bosse, se taise et rapporte !
Le lecteur est très vite séduit par ce récit dense, documenté, très bien mené, porté par ces deux personnages aux idées folles (le marché de la banane trop mûre !) qui le fera passer du Guatemala au Honduras. Qui plus est, Kyung Eun Park, dessinateur et coloriste, réalise là sur plus de 100 pages un travail habilement mis en scène, réaliste et vivant, très séduisant pour tout dire, dans les pas d’un Samuel Zemurray qui n’a sûrement pas fini de nous étonner… Suite et fin dans le tome 2.
Didier QUELLA-GUYOT
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« Banana Story T1 : L’Ascension » par Kyung Eun Park et Jack Manini
Éditions Rue de Sèvres (21,90 €) – EAN : 9782810206797
Parution 24 septembre 2025