Troisième épisode de « Bellatrix » : périple en terres hostiles…

Après Aldébaran, Bételgeuse, Antarès et Neptune, c’est la Terre que quittent Manon et Kim, pour rejoindre Bellatrix, où l’accession au pouvoir possible d’un parti autoritaire inquiète la flotte d’intervention de la galaxie. Il s’agit du septième cycle et du29e album de la fresque à la fois fantastique et humaniste lancée voici 30 ans par Leo. Son imagination sans limites lui permet, une fois de plus, de combattre les obscurantismes religieux et politiques à travers ses héroïnes : deux femmes fortes et libres. Une saga fantastique et engagée qui invite le lecteur à la découverte de mondes inconnus et fascinants.

Bellatrix, située à 242 années-lumière du soleil, lequel se lève 386 jours par an, est entourée de trois satellites recouverts de savanes, de prairies et de forêts. C’est une planète habitée par des humains intelligents, mais attardés, qui vivent comme au début de notre XIXe siècle. Manon et Kim ont pour mission de venir en aide à Narene Ever : une femme courageuse dont l’élection est menacée par des groupuscules extrémistes. Les deux amies entreprennent un long voyage en régions hostiles, afin de la rejoindre : elle est réfugiée avec ses partisans à Libreville, à l’autre bout de la planète. Curieusement abandonnées par leur vaisseau, les deux femmes sont livrées à elles-mêmes et contraintes d’utiliser une violence inhabituelle pour se tirer de situations critiques. Survolant la jungle à bord d’un vieux coucou, puis remontant un fleuve grâce à un bateau providentiel, Manon et Kim sont secourues par un peuple aux coutumes ancestrales, dont le village a été construit dans un arbre géant. Elles multiplient alors les rencontres, tour à tour amicales ou belliqueuses.

Ce long voyage n’est jamais ennuyeux pour le lecteur, car l’imagination débordante de Leo fait sans cesse rebondir l’action, aidée par la présence d’extraterrestres, la découverte de communautés étranges… sans oublier une végétation luxuriante et dangereuse.

À 82 ans, Leo s’impose une incroyable puissance de travail, sans pour autant nuire à la magie que dégagent un scénario et un dessin simples et sans fioritures inutiles. Les trois millions d’exemplaires vendus témoignent de l’engouement de ses lecteurs pour cette œuvre originale, dont l’auteur assure scénario, dessin et couleurs. Et notre homme n’a pas dit son dernier mot, songeant déjà à faire explorer, par ses personnages, les exoplanètes voisines d’Aldébaran. Une œuvre originale qui — au-delà d’un récit passionnant — est une dénonciation de l’obscurantisme, des pouvoirs arbitraires et des brimades subies par les femmes.

Les mondes d'Aldébaran.

Luiz Eduardo de Oliveira — qui signe ses œuvres des trois initiales de son nom — est né le 13 décembre 1944 à Rio de Janeiro.

Il effectue des études d’ingénieur et milite, en 1968, au sein de partis politiques de gauche. Chassé par le pouvoir militaire en place, il s’exile au Chili, puis en Argentine. De retour au Brésil en 1974, il entreprend une carrière d’illustrateur publicitaire.

En 1981, Leo gagne la France où il publie ses premières histoires dans Pilote ou dans L’Écho des savanes et surtout dans Okapi (« Gandhi »).

Il anime « Trent » avec Rodolphe, dont huit albums sont publiés aux éditions Dargaud, avant de lancer en solo, en 1994, « Les Mondes d’Aldébaran » chez le même éditeur.

Scénariste, il écrit « Terres lointaines » et « Ultime Frontière » pour Icar (alias Franck Picard) ou « Dexter London » pour Sergio Garcia.

Puis il co-écrit, avec Rodolphe, « Les Missions fantastiques de Kathy Austin », dont il dessine le premier cycle (« Kenya ») et confie les suivants à Bertrand Marchal.

Il propose aussi le scénario de « La Porte de Brazenac » pour Patrick Pion. Enfin, il co-signe — avec Corine Jamar — « Mermaid Project » et « Mutations » pour Fred Simon.

Aux éditions Delcourt, toujours avec Rodolphe, il publie « Centaurus », puis « Europa » pour Zoran Janjetov, et enfin « Demain » pour Louis Alloing.

Son imagination débordante lui permet de multiplier les créations originales destinées à un large lectorat fidèle.

Henri FILIPPINI

« Bellatrix T3 : Épisode 3 » par Leo

Éditions Dargaud (14,95 €) — EAN : 9782205213256

Parution 3 octobre 2025

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