Mathieu Bablet conclut avec brio sa trilogie de science-fiction…

Après le succès de ses très réussis « Shangri-La » et « Carbone & Silicium » — où il explorait les théories des paradoxes temporels, puis les conséquences des progrès technologiques sur la détérioration de l’homme —, Mathieu Bablet (1) aborde le récit postapocalyptique dans sa nouvelle grande fresque de science-fiction proposée dans le Label 619 désormais hébergé par les éditions Rue de Sèvres. Dans un lointain futur, les insectes pollinisateurs ont disparu à la suite de bouleversements climatiques… et la Terre est devenue aride et stérile. Une biologiste a pour mission de retrouver les traces génétiques des abeilles, dans l’espoir de revenir au monde d’avant. Une fable écologique et initiatique, aussi complexe qu’envoûtante, qui nous donne furieusement envie d’aller de l’avant !

Dans des paysages désertiques et rocailleux, recouverts de gigantesques nuages que les rayons du soleil ont du mal à traverser et où la qualité de l’air est épouvantable, certains choisissent d’arpenter les routes à bord de vaisseaux-villages motorisés appelés monades. C’est dans l’un d’eux que vit Jenny : une employée de la société Pyrrhocorp qui explore, en solitaire, les immenses étendues d’une planète devenue apocalyptique, à la recherche de traces d’ADN d’abeilles. 

Ces éléments naturels du passé pourraient être clonés par l’entreprise, et possiblement permettre la relance de la pollinisation des terres agricoles, afin d’empêcher la disparition de l’espèce humaine, dont l’autonomie alimentaire a été mise en danger.

Pour que les explorateurs microïdes, comme Jenny, puissent examiner plus facilement les entrailles de la Terre, la multinationale Pyrrhocorp fabrique un liquide spécial : l’inertium. Cette substance réduit infiniment la taille, mais nécessite de s’équiper d’un scaphandre étanche pour se protéger des transformations provoquées par d’éventuelles altérations de la structure moléculaire. 

Or, la combinaison de Jenny n’est plus très fiable, car le rapetissement détériore son corps mis en contact avec l’atmosphère viciée. Et Jenny se meurt… D’autant plus que ses espoirs se brisent au fur et à mesure qu’elle se heurte à la stagnation de la bureaucratie, qu’elle constate l’exclusion sociale ou la difficulté d’éduquer les jeunes dans cet univers infernal, et qu’elle côtoie la mort.

Avec son découpage inventif et son graphisme maîtrisé, tout à fait dans l’air du temps, « Silent Jenny » est un récit magistral de 300 pages dans un bel écrin (comme toujours chez Rue de Sèvres !), lequel fait écho à de nombreux problèmes actuels : et l’angoissant monde futuriste que le talentueux Mathieu Babet nous décrit pourrait bien devenir le nôtre, si l’on ne réagit pas…

Gilles RATIER

(1) Sur Mathieu Bablet, voir sur BDzoom.com : « Carbone & Silicium » : l’humanité augmentée selon Mathieu Bablet…« Midnight Tales » : les sorcières s’emparent du label 619 !« Anthologie Doggy Bags » : de beaux restes à emporter !Zoom sur les meilleures ventes de BD du 14 septembre 2016« Adrastée » par Mathieu Bablet

« Silent Jenny » par Mathieu Bablet

Éditions Rue de Sèvres (31,90 €) — EAN : 9782810208005

Parution 15 octobre 2025

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