Le Picsou de 2025 amasse une fortune en cryptomonnaie…

Baltazar Picsou est un personnage récurrent de l’univers Disney. L’oncle richissime de Donald Duck vit replié dans son coffre-fort géant, sur son gigantesque tas d’or. Il a une névrose sérieuse : la peur d’être détrôné de son titre de canard le plus riche du monde. Oui, mais nous sommes en 2025 et, aujourd’hui, les multimilliardaires ne comptent plus leurs billets de banque, mais amassent des fortunes dématérialisées. Le défi est lancé à l’oncle Picsou : il devra se constituer une cagnotte en cryptomonnaie ou devenir pauvre. C’est Jul au scénario qui introduit le personnage au cœur du XXIe siècle pour le dessin respectueux de la tradition Disney de Nicolas Keramidas.

C’est une journée ordinaire qui commence à Donaldville, quand Donald entend un cri effrayant en provenance de la résidence coffre-fort de son oncle Picsou. Il peut escalader le mur d’enceinte sans soucis, car le système d’alarme n’est pas branché pour économiser l’électricité. Il trouve le milliardaire évanoui dans son salon, un journal à la main. Une terrible nouvelle l’a bouleversé : il n’est plus le canard le plus riche du monde ! Il a été doublé par un parfait inconnu : Carsten Duck. Humiliation supplémentaire, celui-ci a fait fortune dans les nouvelles technologies. Son ascension a été fulgurante, à partir de la diffusion de cryptomonnaies comme le bit-coincoin. Ce parvenu à la richesse ostentatoire est à la pointe de la modernité : omniprésent sur les réseaux sociaux.

Balthazar Picsou se doit de réagir. Avec son neveu, ils se rendent dans la villa ultra-moderne de Géo Trouvetou. Celui-ci lui conseille d’investir dans la cryptomonnaie en vogue. Picsou se lance à corps perdu dans la modernité et les bit-coincoins, épaulé par ses petits-neveux : Riri, Fifi et Loulou, devenus influenceurs en vogue sur les réseaux sociaux. La réaction du maître de la Tech ne se fait pas attendre. Il fait appel aux plus célèbres brigands (les frères Rapetou) pour siphonner les comptes de Picsou. Mais si celui-ci devient pauvre, avec l’aide de sa famille, il pourra regagner une nouvelle fortune sur les plateformes d’Internet, en jouant sur les likes des médias virtuels. Il n’y aura qu’un vainqueur dans l’affrontement entre Picsou et Carsten Duck.

« Picsou et les bit-coincoins » page 7.

Depuis 2016, les éditions Glénat demandent à des auteurs contemporains reconnus de s’approprier et de revivifier l’univers des personnages créés par Disney, tout en respectant les codes intangibles de la firme états-unienne. Pari audacieux et pari tenu par Lewis Trondheim, Nicolas Keramidas, Cosey, Régis Loisel, Batem, Tebo, et maintenant Jul.

À de nombreuses reprises, nous vous avons déjà entretenus sur BDzoom.com de grandes réussites de ce label pour « Minnie Mouse T1 : Le Secret de tante Miranda » de Cosey, « La Jeunesse de Mickey » de Tebo, « Mickey et l’Océan perdu  »  « Mickey & la terre des anciens » par Silvio Camboni et Denis-Pierre Filippi et tout dernièrement « Un travail pour Fantomiald » par Batem et Nicolas Pothier ou «  Mickey contre l’Alliance maléfique » de  Johan Pilet et Nicolas Pothier, par exemples.

Le 18e album de la collection (« Picsou et les bit-coincoins ») retrouve l’esprit des premières aventures du milliardaire égoïste et radin, mais attachant, tout en le modernisant avec un humour contemporain référencé. C’est une bande dessinée classique qui traite de thématiques on ne peut plus contemporaines. « Picsou et les Bit-coincoins» est une vraie réussite !

« Picsou et les bit-coincoins » page 11.

Après s’être entrainé à la reprise d’un autre héros culte, entre transgression, respect et insolence, avec les albums de « Lucky Luke » il y a 12 ans déjà, Jul s’est approprié toute la galerie de personnages des aventures de Picsou, mais en les faisant évoluer dans une société du XXIe siècle. De quoi s’amuser des lubies de certains milliardaires de la tech : les références à Elon Musk sont claires, de l’influence des réseaux sociaux et des influenceurs de tous poils, ainsi que des mystères des fortunes bâties sur les cryptomonnaies.

Tout en respectant l’univers disneyen, Jul offre à ses lecteurs des lectures sur plusieurs niveaux : de l’aventure pour les plus jeunes et un second degré entre espièglerie et ironie pour les plus grands. Il s’amuse, et nous amuse avec lui, avec des jeux sur le langage, des dialogues à double-sens et des quiproquos de vocabulaire.

Nicolas Keramidas est un habitué des reprises des héros de Disney. Après un Mickey («  Mickey’s Craziest Adentures ») en 2016, puis un Donald en 2018 (« Donald’s Happiest Adventures »), il s’attaque à l’univers de Picsou en 2025.

Il a utilisé ses dix années à travailler dans les studios de Montreuil sur les longs-métrages de la firme états-unienne (« Tarzan » ou « le Bossu de Notre-Dame », entre autres) pour donner une seconde jeunesse à tous les habitants de Donaldville. Seconde jeunesse certes, mais totalement respectueuse du travail de ses aînés.

Il revient à l’essence même des bandes dessinées originales : par exemple en épurant au maximum les couleurs pour retrouver leurs atmosphères propres. Un vrai travail d’artisan pour la renaissance d’une série culte autour d’un héros qu’on se plaît de nouveau à détester.

Laurent LESSOUS (l@bd)

« Picsou et les bit-coincoins » par Nicolas Keramidas et Jul

Éditions Glénat (11,50 €) — EAN : 9782344071304

Parution 8 octobre 2025

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