On le sait, l’Espagnol Josep Homs (1) est un dessinateur aussi original que talentueux : il nous l’a prouvé à maintes reprises, ne serait-ce qu’avec sa série « Shi » écrite par Zidrou, dont il prépare le sixième épisode, toujours chez Dargaud. Par ailleurs, avec cet étonnant et glaçant roman graphique de 100 pages qu’il met lui-même en couleurs (et quelles couleurs !) — où une jeune juive très indépendante peut voir et converser avec une incarnation du diable —, il devient, pour la première fois, son propre scénariste. Tout en ressuscitant le mythe du golem et en reprenant le thème philosophique du bien et du mal, il nous démontre que le manipulateur n’est pas toujours celui qu’on croit !
Lire la suite...La vengeance du comte Skarbek 1 : Deux mains d’or

Premier choc éditorial de l’année 2004, le premier volet du diptyque signé Sente et Rosinski, conjugue leçon d’histoire et passion artistique au cœur d’un récit romanesque aux multiples rebondissements, magnifié par la mise en image d’un Rosinski rayonnant de talent.
Le talentueux peintre du XIXème siècle Louis Paulus est l’objet d’une machination de la part du marchand d’art Daniel Northbrook et de clients collectionneurs-spéculateurs complices. Ceux-ci le laissent pour mort pour d’obscures raisons mercantiles, mais le peintre, de retour d’exil plusieurs années plus tard, revient sous les traits du comte Skarbek pour se venger.
S’il existe un genre cinématographique très américain, c’est bien le film de procès. En choisissant cette forme de narration pour son récit, Yves Sente se permet de jouer sur divers flash-backs de natures différentes, resituant son histoire dans le contexte historique et peu connu en France de l’indépendance de la Belgique, et jouant sur les effets d’annonces, qui entraînent de nombreux rebondissements.
« Le choix de l’époque allait de soi », dit Yves Sente, « elle répondait aux envies de se plonger dans une ambiance romantique, de réaliser de beaux costumes, … ». Depuis toujours, Rosinski admire les peintres et les dessinateurs du 19ème siècle. Le dessinateur, qui considère le scénario de Sente comme « un véritable cadeau » a véritablement « peint » cette bande dessinée, dans laquelle il restitue admirablement l’atmosphère de l’époque.
On regrette juste (mais peut-être un tirage de luxe viendra-t-il combler ce manque) que cette magnifique démonstration graphique n’ait pas été publiée dans un format plus grand, plus proche des planches originales (1 mètre sur 70 cm tout de même !) qui aurait laissé exploser d’une manière encore plus évidente la prouesse picturale et artistique de Rosinski, qui s’impose décidément comme un des plus grands auteurs de bande dessinée actuels.