Venu du monde du graffiti et du fanzine, Benoît Carbonnel publia il y a quatre ans « Cool Parano : un testament graffiti », chez l’éditeur marseillais Même pas mal. Il revenait — dans ce premier album et par le biais d’une fiction — sur ses années de graffeur et sur l’évolution de ce milieu artistique. Nous retrouvons Benoît Carbonnel pour son second ouvrage (« Opérateur 238 »), publié quelques jours après la fête du Travail : il explore, cette fois-ci, l’implacable monde de la logistique pour la grande distribution.
Lire la suite...Clichés, Beyrouth 1990
L’excellente collection Tohu Bohu des Humanoïdes Associés vient de s’enrichir d’une des meilleures BD de l’année. Mêlant la mémoire collective aux parcours individuels de deux jeunes hommes, Clichés Beyrouth 1990 témoigne de la réalité quotidienne de ce que fut la guerre du Liban.
Septembre 1990. Sylvain et Bruno Ricard partent à Beyrouth pour y rejoindre leur tante qui travaille pour la croix rouge. La conscience qu’ils ont de l’état de guerre du pays ne réduit pas un instant leur insouciance et l’enthousiasme de leur jeunesse. Arrivés sur place, ils sont rapidement confrontés à une situation qu’ils n’imaginaient pas, à la réalité quotidienne d’une guerre souvent invisible, caricaturée par les médias occidentaux et qu’ils tentent de comprendre.
La grande force de ce récit de vie, dans la droite lignée du genre (sur)développé par la génération la plus récente d’auteurs de bande dessinée, est de ne jamais se poser en donneur de leçon (sauf peut-être à l’égard des occidentaux mais il s’agit plus dans ce cas de souligner leur ignorance). Le témoignage des scénaristes de ce roman graphique (mis efficacement en images par Christophe Gaultier), au travers de leur vie quotidienne sur place, dans les conditions souvent précaires de la situation, suffit pour saisir à la fois la complexité, et parfois l’absurdité, de la situation locale. En utilisant leur expérience, Sylvain et Bruno Ricard tentent de nous expliquer le comment et le pourquoi d’une guerre dont on parla tous les jours mais qu’on n’expliqua que trop rarement et racontent, avec délicatesse et humanité, la vie des libanais, leurs rêves et leurs espoirs, quelquefois vains !
Laurent TURPIN
Et comme il n’est jamais inutile de signaler les bonnes actions, sachez que les auteurs reversent la totalité de leurs droits à une association d’aide aux personnes des quartiers pauvres de Beyrouth.
Clichés, Beyrouth 1990, de Sylvain & Bruno Ricard et Christophe Gaultier, HumanoÏdes Associés, 12,35€