On le sait, l’Espagnol Josep Homs (1) est un dessinateur aussi original que talentueux : il nous l’a prouvé à maintes reprises, ne serait-ce qu’avec sa série « Shi » écrite par Zidrou, dont il prépare le sixième épisode, toujours chez Dargaud. Par ailleurs, avec cet étonnant et glaçant roman graphique de 100 pages qu’il met lui-même en couleurs (et quelles couleurs !) — où une jeune juive très indépendante peut voir et converser avec une incarnation du diable —, il devient, pour la première fois, son propre scénariste. Tout en ressuscitant le mythe du golem et en reprenant le thème philosophique du bien et du mal, il nous démontre que le manipulateur n’est pas toujours celui qu’on croit !
Lire la suite...La malle Sanderson

Pour son grand retour réussi à la bande dessinée, Jean-Claude G?tting traite des illusions, aux sens propre et figuré. Un ouvrage d’une qualité exceptionnelle à n e pas louper !
Rien à voir avec Harry Potter, le jeune héros apprenti-magicien dont il est l’illustrateur officiel pour les traductions en langue française. Non, si Jean-Claude Götting a choisi l’univers de la magie en toile de fond de La malle Sanderson, c’est tout simplement que l’illusion le captive, les trucs de magiciens en particulier, qu’il recherche avidement sur Internet. Peu sont dévoilés ici, en tout cas les seuls plus connus et l’essentiel est ailleurs. Sanderson, illusionniste renommé des années 1930 ne rêve que d’une gloire égale à celle d’Houdini et de conquêtes américaines. Il prépare d’ailleurs un tour exceptionnel pour son passage à New-York. Individualiste et peu mondain, il accepte du bout des lèvres une invitation à un dîner quand la maîtresse de maison, Marie Van Nolde, insiste pour l’avoir à sa table. Lui, qui n’a de cesse de dénoncer les illusions faciles tombe rapidement dans celle d’une aventure qu’il souhaite sans lendemain mais que Marie considère comme sérieuse. Elle même s’est mariée sans amour, sous réserve que son mari accepte son départ quand elle aura trouvé son idéal. Autre illusion La femme, l’amant puis, bien sur, le mari sont les acteurs de cette tragédie où règne encore l’illusion, sociale cette fois.
Avouons le, le retour de Jean-Claude Götting, qui n’avait pas publié de bande dessinée depuis plus de 10 ans, se fait en force. Son récit, habile dans le fond et totalement maîtrisé dans la forme, se double d’une lisibilité exemplaire et d’une formidable précision graphique, notamment dans la reconstitution des décors et de l’atmosphère de la période considérée.
Laurent Turpin