Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« Waluk » par Ana Mirallès et Emilio Ruiz

Un voyage au pays des ours polaires, mais pour combien de temps encore ?
Waluk, l’ourson, est seul. Sa mère est partie, l’a abandonné. Affamé et fatigué, il erre sur la banquise, se nourrit d’algues, de poissons morts ou d’œufs de canards qu’il fait fuir à grands renforts de grognements menaçants. C’est alors qu’il rencontre Esquimo, un vieil ours presqu’aveugle et efflanqué, qui le prend en affection et veut lui transmettre son savoir.
Les deux ours font désormais route ensemble et parcourent la banquise. Esquimo met Waluk en garde contre les humains, ceux « qui n’ont pas de peau, […] qui marchent sur deux pattes, […] qui ont des bâtons qui tuent de loin, […] qui sont méfiants et tricheurs. » Ensemble, ils s’aventurent pourtant sur les terres des hommes et Waluk comprend alors que son ami a vu juste. Même si la nourriture est plus facile à attraper chez ces étranges créatures, il ne faut pas s’en approcher, car ils ne respectent ni la nature ni la liberté …
Emilio Ruiz et Anna Mirallès signent là un très beau récit initiatique qui délivre un message écologique et humaniste. Les jeunes lecteurs s’identifieront aisément à l’ourson qui fait un rude apprentissage de la vie et qui tire partie des expériences vécues seul ou aux côtés de son ami. Il comprend aussi que, parfois, la solidarité et l’entraide sont des leviers essentiels pour résister aux humains et rester des êtres dignes. C’est ainsi qu’il grandit, Waluk, qu’il devient un ours très grand et très puissant, et qu’il accède au rang de mythe. On parle de lui sur la banquise comme le fils du grand Nanook, l’ours dieu.
Ce récit touchant, ponctué de petites notes d’humour qui nous renvoient aussi à l’enfance et à l’insouciance, est servi par les images d’Ana Mirallès, qui choisit un format à l’italienne plus propice à dessiner la banquise où l’on ne distingue pas toujours l’horizon. Elle explore une gamme de blancs, de gris et de bleus très subtils, et saisit à merveille les expressions de ses personnages. Elle montre la neige qui se ternit au contact des hommes, les terres mornes jonchées de détritus et des rebuts de notre civilisation. Cette dégradation des paysages est vue à travers les yeux du jeune Waluk, qui découvre, étonné, une route couverte d’asphaltes ou un train rempli de touristes. Mais Waluk apprend vite et choisit, sagement, de prendre le nord.
Catherine GENTILE
« Waluk » par Ana Mirallès et Emilio Ruiz
Éditions Delcourt (11,50 €) – ISBN 978 2 7560 2860 6