Remington n’est pas, contrairement à ce qu’on pourrait d’emblée s’imaginer, un lieu, mais un personnage. Frederic Remington est un dessinateur venu de New York et qui, intrigué et fasciné par l’Ouest — le Far West —, s’est mis en tête, pour réussir à se faire publier, de dessiner l’Arizona, ses contrées sauvages et ses Indiens.
Lire la suite...« Les Malheurs de Sophie » par Mathieu Sapin

La comtesse de Ségur publie ses « Malheurs de Sophie » en 1858. Pour ce deuxième ouvrage, elle puise largement dans ses propres souvenirs d’enfance russe pour créer le personnage de Sophie. Cette enfant de quatre ans est inventive, curieuse, désobéissante, impatiente ; ses nombreuses expériences de vie, qui se déroulent la plupart du temps sans l’approbation des adultes, lui valent déboires et déconvenues multiples et se terminent par des leçons de morale dispensées par sa mère. Lesquelles leçons n’empêchent nullement Sophie de tenter une nouvelle expérience quelque temps après.
Sophie de Réan, la petite fille aux bêtises, a été l’une des héroïnes de la littérature enfantine les plus appréciées par des générations de lectrices et par les prescripteurs qui en goûtaient le côté très moralisateur. Le roman, tissé de saynètes construites selon un schéma identique, a connu, depuis sa parution, de multiples adaptations sous de nombreuses formes. Cependant, aujourd’hui, il est beaucoup moins lu. Difficile en effet d’adhérer à la lourde morale qui tient le récit, cette morale construite pour écraser les filles, leur ôter tout esprit d’initiative et de curiosité, et les formater pour qu’elles deviennent des épouses dévouées et soumises.
Cela faisait un moment que Mathieu Sapin avait envie de travailler sur « Les Malheurs de Sophie », et l’on se demandait comment il allait aborder l’affaire pour livrer un album lisible par les lecteurs et lectrices d’aujourd’hui.
14 chapitres composent l’album (le roman 22), qui montrent Sophie testant son nouveau couteau sur les poissons de l’aquarium, enfoncer ses jambes dans la chaux, jouer à la poupée, inviter ses amies pour le thé, se disputer avec son cousin Paul ou affronter les loups.
Mathieu Sapin a choisi le parti de l’essentiel et de la lisibilité : un dessin, au trait naïf et rond, très expressif (on aime les yeux billes de Sophie qui traduisent ses états d’âme) ; des dialogues qui conservent, en partie, le côté désuet des textes de la comtesse ; des récits très courts, développés sur deux ou trois pages au plus. Il introduit tranquillement quelques anachronismes ainsi qu’un personnage très singulier, l’orphelin trouvé près du poulailler, que l’on retrouve à plusieurs reprises ensuite. Il gomme aussi les aspects les plus lourds du roman. Et il fait de Sophie –et là est l’essentiel- un personnage très attachant et humain. Cette Sophie qui pleure et qui rit, qui s’enthousiasme et qui regrette est constamment aux prises avec des sentiments et des envies contradictoires, parce que ce qui est « mal » est souvent beaucoup passionnant que ce qui est « bien » dans le monde dans lequel elle évolue, à la fois protégé et cruel. Intéressant.
« Les Malheurs de Sophie » par Mathieu Sapin
Catherine GENTILE
Éditions Gallimard (14 euros) – ISBN 978 2 07 069684 0