Rare série de longue haleine lancée en 2020 par un éditeur, « Wild West » jongle entre fiction et réalité, comme au temps de la bande dessinée franco-belge classique. Un pari réussi par les éditions Dupuis, qui proposent le premier chapitre d’un troisième diptyque s’annonçant aussi percutant que les deux précédents. Éternelle peinture du mythe américain signée par deux auteurs dont le but premier est de divertir leurs lecteurs, tout en les invitant à la réflexion : décors grandioses et personnages fascinants en sont les garants.
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Un Spirou qui fonctionne au super !
Né en 1938, Spirou n’est plus dans l’air du temps au XXIe siècle ! Tel n’est heureusement pas le constat des éditions Dupuis mais bien le point de départ de ce premier volet de « SuperGroom », la saga dérivée des traditionnelles aventures de Spirou et Fantasio ; rappelons que ces dernières sont mises en scène par Fabien Vehlmann et Yoann depuis « Alerte aux Zorkons » en 2010. Ainsi ringardisé, Spirou s’est mis à douter : la création secrète d’un super-héros, capable de lutter à la fois contre la pollution, la décroissance, les projets immobiliers véreux et les crapules de tous ordres, sera-t-elle la bonne solution ? Jubilatoire et conçu pour un jeune public fan d’action et de bons mots, « SuperGroom » questionnera le lectorat plus ancien sur les arcanes et l’avenir d’un univers franco-belge devenu légendaire…
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« L’Œil du STO » : quand travailler pour l’occupant était devenu obligatoire…
Instauré en février 1943 par le régime de Vichy, le Service du Travail Obligatoire contraint des milliers de jeunes hommes au travail en Allemagne. Parmi eux, Justin Roques, qui refusera par la suite que cette année noire soit comptabilisée pour sa retraite. À travers lui, c’est une autre Seconde Guerre mondiale qui est racontée : ceux qui n’étaient ni des collabos ni des résistants, mais furent longtemps perçus comme des planqués… Composé de 192 pages, cet album de Julien Frey et Nadar est l’un des premiers à évoquer la terrible réalité du STO ; en noir et blanc, il dessine avec une parfaite sobriété et une écriture concise tout le poids mémoriel d’un terrible passé.
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Django, ce guitare héros !
« Comme un manouche sans guitare… » chantait Thomas Dutronc en 2007, faisant alors un clin d’œil au mythique Django Reinhardt : le seul a avoir su fusionner dès les années 1930 les traditions de la musique tsigane avec les influences afro-américaines du jazz. La passion chevillée au corps, l’inventeur du jazz manouche méritait bien que l’on narre sa vie en images et en chaleurs musicales. Salva Rubio et Efa rajoutent eux aussi une corde à leur œuvre avec un bel album, émouvant one-shot oscillant entre drames et espoirs : car, telle une note de musique parfaite, le destin de Django a su s’accorder avec la vie de ses contemporains…
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Carlos Giménez : une enfance étouffée sous la dictature franquiste…
Né à Madrid en 1941, Carlos Giménez connut le pire lors de sa jeunesse passée dans les foyers de l’assistance publique espagnole, au temps de la dictature implacable du général Franco. Brimades et sévices physiques ou psychologiques prennent dans « Paracuellos » l’aspect d’anecdotes irrévérencieuses et cyniques, dessinées entre 1997 et 2003 sous la forme d’histoires courtes (2 à 8 planches). Couronnés dans le monde entier, les six tomes composant l’œuvre autobiographique de Giménez ont connu une suite récente : 160 pages réalisées entre 2016 et 2017, brossant un sinistre tableau du dénuement moral de l’Espagne de l’après-guerre civile. Une somme incontournable, tant pour ses qualités intrinsèques que pour se construire une culture historique de ses années noires…
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Larcenet : une thérapie sur la piste aux étoiles…
Nul ne conteste la vérité suivante : entre De Vinci et Picasso, il y a Jean-Audes de Cageot-Goujon (autrement dit Manu Larcenet), star universelle de l’art séquentiel, moult fois primées et premier auteur à avoir reçu le Nobel de Littérature avec un album (mais quel album !). Malheureusement, tout a une fin : voici que notre génie sans disciple souffre d’une sévère dépression. Gisant sur le carrelage, vidé, sous une tonne d’antidépresseurs… Comment se réinventer en trouvant l’idée du siècle, potentiellement soufflée par un quelconque second rôle (qu’il se nomme Cézanne ou Dieu, rien de moins…) ? Comment enfanter une « étoile qui danse » ? Voici en tout cas le sujet de ce premier volume, tour à tour drôlissime, émotionnellement poétique et artistiquement bluffant. Bon, autant l’avouer : l’artiste-loin-d’être-fini Larcenet ne semble pas encore tout à fait mort. C’est osé.
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Adapter « Couleurs de l’incendie » : le récit d’une infernale vengeance féminine…
En évoquant en 2013 une rocambolesque escroquerie aux monuments aux morts dans « Au revoir là-haut », Pierre Lemaître signait un chef-d’œuvre, salué notamment du Prix Goncourt. Adapté brillamment tant par Christian De Metter (album paru chez Rue de Sèvres en 2015) que par Albert Dupontel (film en 2017), le roman pouvait laisser espérer une suite…de fait déjà imaginée par son auteur. Dans « Couleurs de l’incendie », de nouveau adapté par Christian De Metter, l’on retrouvera Madeleine Péricourt en héroïne inattendue, plongée dans un imbroglio politico-financier à la fin des années 1920. Non sans drames ni vengeances dignes de Dumas ou Balzac… Ni correspondances avec l’actualité et la question de la place des femmes dans notre société, encore un siècle plus tard.
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Une sélection de belles couvertures, pour le début de 2020…
2020, très officiellement qualifiée d’« Année de la BD », s’annonce déjà avec son lot de nouveautés et de premiers plats inédits, vecteurs d’espérances et d’attentes insoutenables. Clés de la stratégie éditoriale, plusieurs somptueuses couvertures nous incitent à surveiller avec un peu plus d’intérêt la parution de certains albums : voici donc, comme à chaque semestre, une sélection (parfaitement subjective) de beaux visuels à venir au sein de la production franco-belge. Classé chronologiquement, cet avant-goût met à l’honneur une dizaine de titres que nous évoquerons naturellement plus en détails au cours des semaines à venir… Très bonnes fêtes de fin d’année à tous nos lecteurs !
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F’murr et son chevalier à la triste figure
Avec F’murr (1946 – 2018), auteur du célébrissime « Génie des alpages », l’humour noir et absurde, la dérision et les clins d’œil littéraires ou historiques ont toujours la part belle ! Aussi, lorsque le piteux chevalier qu’ils viennent de recueillir débute le récit de ses malencontreuses péripéties, ses compagnons de route – pas plus que le lecteur – ne s’attendent à une geste digne des belles légendes arthuriennes… Ce seigneur de camelote va de fait enchaîner les pires déboires, entre digressions loufoques et pensées poétiques. Actuellement réédité par Dargaud, ce titre (initialement paru en 1990 chez Casterman) avait été distingué par un Alph-Art de l’humour lors du Festival d’Angoulême en 1991.
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Le roman graphique de la littérature : déchiffrez des lettres !
284 pages ! Il fallait bien cette somme graphique et documentaire pour synthétiser, à travers une trentaine de portraits, cinq siècles de notre prestigieuse histoire littéraire. Professeure de français, Catherine Mory a trouvé le ton juste pour retracer la vie de Rabelais, Molière, Zola ou Camus… non sans humour ni anecdotes inattendues. Au dessin, Philippe Bercovici fait merveille dans un style sachant judicieusement lier la fantaisie aux tonalités plus sérieuses de la bd reportage. De textes en bulles, les grands auteurs du XVIe au XXe siècle sont ici à l’honneur…
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On the « Dixie Road », Again !
Dans l’Amérique en crise des années 1930, Dixie et ses parents vivent une existence précaire, ballotée entre luttes syndicales, pillages de banques, ségrégation raciale et conflits familiaux. En quatre tomes parus chez Dargaud (1997 à 2001) et de nouveaux réunis ce mois-ci dans une belle intégrale, Jean Dufaux et Hugues Labiano nous racontaient avec noirceur toute une époque : celle de l’American Way of Life, recherche souvent illusoire et menant tout droit aux « Raisins de la colère »… Assurément un incontournable, à redécouvrir.
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