C’est avec exigence qu’Emmanuel Moynot construit, depuis une quarantaine d’années, une riche carrière où se côtoient des albums classiques (sa reprise de « Nestor Burma », par exemple) et des one-shots aux motivations plus ambitieuses, tel le présent album. Un polar noir et cynique où il établit avec force détails le parallélisme entre le quotidien des babouins africains et le comportement parfois violent de certains individus de notre monde contemporain.
Lire la suite...Disparition de Siné !
Les fidèles qui se régalaient de la « Zone hebdomadaire » proposée sur le site de Siné mensuel (www.sinemensuel.com) attendaient avec inquiétude les résultats de l’opération des poumons de la dernière chance que s’apprêtait à subir le dessinateur d’humour Siné, juste après avoir confié sa peur face à la mort de plus en plus proche et lancé un ultime Banzaï ! Hélas, celui qui a osé braver tous les pouvoirs, lancer des coups de gueule savoureux, lutter contre tous les obscurantismes, a perdu cet ultime combat contre la maladie qui depuis des années ne l’empêchait pas de continuer à semer sa zone. Ultime clin d’œil à la camarde, la dernière couverture qu’il a réalisée pour le n° 53 de son journal, Siné mensuel, depuis son lit d’hôpital, titrait « Plus jamais couchés ! ». Il est mort le crayon entre les dents après cette funeste opération à l’hôpital Bichat-Claude Bernard, ce jeudi matin 5 mai, à 8 heures. Il avait 87 ans.
Maurice Sinet, dit Siné, est né le 31 décembre 1928 à Paris, dans le vingtième arrondissement.
À quatorze ans, il entre à l’école Estienne, bifurque vers la chanson dans les cabarets, appartenant plus tard au groupe des Garçons de la rue (1946/1948).
C’est en tombant sur un dessin de Jacques Stenberg qu’il décide de devenir dessinateur d’humour.
Son premier dessin est publié en 1952, dans France dimanche, alors qu’il revient du service militaire : un service qu’il a passé la plupart du temps en prison pour insoumission.
Son premier album, « Complainte sans parole », édité en 1955 par Jean-Jacques Pauvert, obtient le Grand prix de l’humour noir. Sa célèbre série de dessins consacrée au Chats lui vaut une reconnaissance internationale. Entré à L’Express en 1958, aimé par certains, détesté par d’autres, il quitte l’hebdomadaire en 1962 : ses dessins pas vraiment tendres sur la guerre d’Algérie n’étant pas au goût du pouvoir gaulliste.
Il crée Siné massacre en 1962, puis L’Enragé en 1968, tout en collaborant à Action. Autant de revues satiriques violentes qui l’éloignent du lectorat parisianiste qui était le sien pour entrer dans un combat pour l’antisionisme, l’anticolonialisme, l’anticléricalisme…
Bref un anarchisme pur et dur dont l’unique outil est son crayon.
C’est en 1982, dans Charlie hebdo, qu’il crée sa fameuse rubrique « Siné sème sa zone », qu’il poursuit dans ce titre dès sa reparution en 1992.
En 2008, une « Zone » annonçant la conversion de Jean Sarkozy au judaïsme, après son mariage avec une femme de confession juive, attire contre lui les foudres de Philippe Val (rédacteur en chef de l’hebdomadaire) qui le licencie pour antisionisme.
Un procès suivra, la cour d’appel de Paris condamnant le journal, après la relaxe du dessinateur.
Plus que jamais bravache, il lance Siné hebdo qui disparaît en avril 2010 après 86 numéros. Teigneux, il récidive avec Siné mensuel en septembre 2011 : journal savoureux qui paraît toujours.
Amateur de jazz, sa prodigieuse collection disparaîtra en fumée lors d’un attentat contre sa maison en Corse.
Il évoque ces évènements et beaucoup d’autres dans « Ma Vie, mon œuvre, mon cul ! », série d’ouvrages qu’il écrit et dessine pour les éditions Rotative de 1999 à 2002 (7 volumes), puis aux éditions du Crayon (2 volumes publiés à ce jour). Notons que les premiers ouvrages ont été repris par Casterman.
Plonger dans l’œuvre de ce dessinateur insoumis et lucide est un vrai bonheur, bonheur qui devrait se poursuivre puisque Catherine Sinet, son épouse, annonce que Siné mensuel poursuivra sa parution.
Banzaï !
Henri FILIPPINI
Bonjour, je pense que vous vouliez dire que Siné était pour l’antisionisme, l’anticolonialisme, l’anticléricalisme et non pas contre.
En effet, nous corrigeons ! Merci pour votre vigilance !
Bien cordialement
La rédaction
Horreur ! vous avez raison ! Sous le coup de l’émotion, ma pensée à fait le chemin contraire de ce que je voulais dire. Désolé.
Pauvre Siné, lui créditer de tels engagements…
J’en profite pour vous inviter à lire les cinq pages que consacre Libé à Siné et savourer le dessin de son vieil ami Willem..
Henri Filippini
Tristesse infinie… Ne reste plus aujourd’hui que Willem, de cette grande génération de dessinateurs satiriques engagés apparus à la charnière des années 60… Siné était un monument de combat humaniste rentre-dedans, intègre et jouisseur. En ces temps bien sombres, sa disparition laisse un vide dramatique… On t’aime, Bob.
Siné va foutre sa zone dans l’au delà, soyez en sùr Vas-y Maurice, on te fait confiance!
Petite info à corriger :
le prénom de la femme (seconde) de Siné est Catherine …Maud est le prénom de sa fille.
Bien cordialement
NF
Merci, on corrige !
Bien cordialement
La rédaction
Merci pour cette rectification. Il s’agit en effet de la réalisatrice Catherine Sinet. Toutes les deux collaborent d’ailleurs au journal.
Henri Filippini
Un anar, Siné ? Mwouais, surtout un bon soldat communiste, prêt à absoudre les plus pourris si tel était la ligne du parti
Le seul vrai anar de la bande, c ‘était le prof. Choron