Le premier tome de « L’Ombre des Lumières » sorti l’an passé (1) se terminait par le départ, en ce milieu du XVIIIe siècle, du malfaisant chevalier de Saint-Sauveur pour le Nouveau Monde. En effet, toutes ses intrigues se sont retournées contre lui ! Après avoir séduit et trompé la jeune Eunice de Clairefont éprise de la philosophie des Lumières, menacé de mort par son mari et criblé de dettes, Saint-Sauveur a été obligé de s’exiler. En débarquant à Québec, il ne désespère cependant pas de retrouver sa place à Versailles, d’autant plus qu’un de ses peu fréquentables amis lui a proposé d’effacer toutes ces dettes s’il accepte de réaliser une mission vengeresse qui va lui permettre de déployer ses funestes talents…
Lire la suite...Julio Ribera rejoint les limbes…
Après William Vance, c’est un autre grand nom de la bande dessinée réaliste classique qui nous a quittés samedi soir 26 mai 2018. Né en Espagne en 1927, arrivé en France en 1954, Julio Ribera a collaboré à des supports aussi divers que les magazines pour la jeunesse, la presse quotidienne et les mensuels de la nouvelle génération. Retour sur la riche carrière du dessinateur du « Vagabond des limbes », décédé à 91 ans.
Né le 20 mars 1927, au 44 rue de la Riera de Sant Miquel à Barcelone, Julio Ribera connaît une enfance heureuse entre des parents aimants, sa jeune sœur Montserrat, sa passion pour le dessin et la musique. De méchants nuages noirs viennent assombrir ce bonheur : l’arrivée des troupes de Franco, les privations et, surtout, le décès de Monteserrat. Pour survivre, Julio qui adore le jazz joue le soir dans un quartet et dessine le jour pour les journaux de bandes dessinées espagnoles de l’époque, parfois sous les pseudonymes Jules McSide et Bop.
Il collabore dès 1948 à Nicolas, crée le personnage de Rosy dans Florita(traduit en France dans Mireille et Nano & Nanette), anime « Pepin y Sulfato » dans Yumbo(traduit dans Pierrot), « Capitan Rido », « Pitulina », « Rex Kenton »…
C’est après avoir appris qu’en France la situation des dessinateurs était meilleure qu’en Espagne qu’il se marie avec son amie Carmen, le 2 septembre 1954, et prend le même jour l’avion pour Paris avec deux billets sans retour. Hébergé en banlieue par son camarade le dessinateur François Batet (le prestigieux créateur d’« El Coyotte »), le jeune couple emménage peu après à Paris avec un autre grand dessinateur : Manfred Sommer et sa femme. Une première tournée des éditeurs français lui permet de travailler rapidement et de gagner sa vie. Il anime le western « Pistol Tom » pour Zorro, signe des illustrations et de courts récits dans Contes du gai Pierrot, Lisette, Pierrot, À tout cœur, Fillette, Bonjour bonheur, Spirou, L’Intrépide, Hurrah !, La Semaine de Suzette, Vaillant…
En 1956, embauché par le père Marie-Paul Sève, il commence une longue collaboration avec la Maison de la Bonne Presse. Il dessine dans l’hebdomadaire Bayard « Le Barrage » (scénario J. Petit Duc), avant de créer la saga d’anticipation « Tony Sextan chevalier de l’espace » (scénario de Jean Acquaviva),
puis la série animalière « Lolo et Mandoline » (scénario de Pierre Mérou, pseudonyme d’Acquaviva). Toujours à la Bonne Presse, il dessine de nombreux récits complets et histoires à suivre didactiques pour Bernadette.
On le retrouve aussi dans Cœurs vaillants et sa suite J2 Jeunes. Pour l’agence Opera Mundi, à partir de 1962, il réalise des strips quotidiens payés des clopinettes : « Les Épaves dorées », « La Dame en gris », « Les Mystères de New York », « Le Droit de l’enfant », « La Nymphe au cœur fidèle »… et participe à des séries verticales comme « Les Reines tragiques » de Juliette Benzoni. En 1965, il réalise un rêve, travailler sur des strips pour France-Soir (Un million d’exemplaires à l’époque) où le salaire est bien meilleur que chez Opera Mundi. Il y signe les adaptations du film « Viva Maria » et du feuilleton télévisé « Belphégor », participe au « Crime ne paie pas » et aux « Amours célèbres », et illustre surtout « Capitaine Tempête », romans d’aventures de Richard-Bessière en quel que 650 strips quotidiens entre 1968 et 1970.
En 1964, il travaille pour Ami Coop, puis en 1965 pour Pilote où il livre quelques récits complets. C’est dans les pages du périodique des éditions Dargaud qu’il crée « Dracurella », excellente parodie des récits d’horreur dont il assure scénario et dessins et qui demeurera chère à son cœur, sans parvenir à séduire un large lectorat. Il participe aussi à L’Histoire de France en BD en 1976. En 1975, pour les éditions Hachette, il crée « Le Vagabond des limbes » avec la complicité de Christian Godard. Ce space opera se poursuit aux éditions Dargaud, prépublié épisodiquement dans les pages de Circus, Tintin ou Pilote. 31 épisodes seront publiés jusqu’en 2001, réédités dans une série de 11 intégrales. Notons que les épisodes 16 à 21 ont d’abord été publiés sous le label Vaisseau d’argent, maison d’édition créée en 1988 par les deux auteurs, lesquels reviennent chez Dargaud après sa disparition en 1992. Sans parvenir à égaler le succès du « Vagabond des limbes », d’autres séries sont lancées par les deux auteurs : « Chroniques du temps de la vallée des Ghlomes » dans Charlie mensuel en 1985, « Le Grand Manque » en 1988 dans L’Écho des savanes, « Le Grand Scandale » en 1994 chez Dargaud, « Je suis un monstre » en 1994 chez Glénat, « Le Fils de l’orfèvre » en 1995 chez Soleil…
Seul, Julio Ribera propose une évocation autobiographique de sa vie sous forme d’une trilogie publiée dans la collection Angle de vue des éditions Grand Angle (Bamboo). « Montserrat » (2004), « Jeunesse bafouée » (2005) et « Paris Liberté » (2006) : trois ouvrages indispensables pour mieux faire connaissance avec ce créateur épris de liberté et d’humanisme.
Grand admirateur des dessinateurs américains d’avant-guerre, dont Milton Caniff, Julio Ribera a réussi à proposer un trait fluide et original qui lui a permis de s’imposer auprès d’un large lectorat des deux sexes.
Il rejoint aujourd’hui ses amis inséparables Gaby Arnao, Antonio Parras et Victor de la Fuente, le quatuor espagnol qui, à la fin du siècle dernier, hantait les rédactions, mais aussi les réunions syndicales. Ribera fut, en effet, pour le plus grand profit d’une profession en lutte, un partenaire teigneux et efficace. Nous ne sommes pas prêts d’oublier sa gentillesse, sa fraternité et sa passion pour la bande dessinée.
Henri FILIPPINI
Merci pour ce bel hommage!
RIP Ribera. les vagabonds des limbes c’est une des rares bd que je lisais à l’époque et que je lis encore aujourd’hui.
PS: c’est presque rassurant papytoc de voir avec quelle constance tu es toujours à côté de la plaque.
Merci Henri pour cette belle et juste évocation de notre ami Julio. J’y ai découvert avec plaisir et intérêt ses BD d’avant « Le vagabond » et « Montserrat »… Adios amigo Julio y hasta la vista !!!
C’est une série de science-fiction importante, au dessin particulièrement soigné et au scénario subtil et intelligent de Christian Godard. Je dois dire qu’à l’époque du Vaisseau d’argent, je n’ai pas vraiment suivi. C’était bien, mais il y avait trop d’albums sans véritable surprise, et surtout les nouveautés arrivaient trop souvent! je regrette aujourd’hui de n’avoir pas plus soutenu cette courageuse et talentueuse initiative…qui mériterait d’être à nouveau présentée au public!
J’ai eu l’immense honneur et privilège de rencontrer Julio Ribera, c’était lors d’un Festival à Bagnols sur Cèze au mois de Mars 2015.
Alors que la série du Vagabond des limbes compte 31 albums, il m’avait avoué que le T.32 existait et que les planches étaient entièrement finies mais que l’éditeur avait jugé bon à l’époque de ne pas poursuivre la série.
Le titre est « L’engrenage ».
J’ai toujours espéré que cet album voit le jour du vivant de julio, peut-être qu’un jour un éditeur nous offrira cette pépite !
Je garde le souvenir d’un homme passionnant et d’une gentillesse absolue.
Merci M. RIBERA pour toute votre oeuvre.
D.Fage
Pour ma part, c’est dans l’Histoire de France de Larousse que je l’ai découvert et son dessin était splendide.
RIP.
J’ai beaucoup aimé le vagabond des Limbes. je suis triste, Julio Ribeira a toujours m’a toujours fait de très belles dédicaces et toujours avec le sourire. Un artisan de la BD et un homme très gentil.
Trés triste en apprenant le décés deJulio il était adorable et d’une gentillesse à toute épreuve.
je l’avais contacté ainsi Q’Aquaviva UN DES PSEUDO d’A. GRAZIANI POUR LES 3 ALBUMS
DE TONY SEXTANT q’HERVE DROUET AVAIT édité pour TAUPINEMBOUR ET l’avais invité
au festival bd de PLANDE CUQUES prés de MARSEILLE .JE PENSE QUE C’était en 1991…..
j’avais des nouvelles réguliérement par Pierre Tranchand
Pour ma part je l’ai rencontré 2 fois lors de salon. Je me souviens d’une séance de dédicace à Colomiers ou je lui avais demandé taquin de me dessiner une Musky un peu »Érotique ». il m’a d’abord souri puis a décliné pudiquement. Merci Monsieur Ribera Merci Monsieur Godard, votre Vagabond des limbes a bercé mon adolescence et j’ouvre encore bien volontiers les albums pour les relire…….Et j’attends le 32eme comme une remise de peine….