Par les temps qui courent, il est rare qu’un éditeur se lance dans une saga aux allures classiques prévue en plusieurs volumes. Pourtant, Futuropolis a déjà financé les scénarii des six ouvrages nécessaires à l’épopée de « L’Ange corse », lesquels sont d’ores et déjà écrits, et les trois premiers opus sortiront en l’espace d’une seule année… Rien que pour cela — mais pas que… —, saluons la parution du premier tome de « L’Ange corse » : l’histoire d’un orphelin corse qui doit s’expatrier dans l’Indochine des années 1930, pour échapper à une vendetta. Le jeune insulaire est recueilli, à Saigon, par un riche commerçant et propriétaire terrien natif d’Ajaccio : mais sous sa façade respectable, cet homme, bien installé, trempe dans le proxénétisme et le trafic de stupéfiants…
Lire la suite...Nouvelle adaptation réussie d’un polar de Manchette par Max Cabanes !

Après « La Princesse de sang » et « Fatale », le remarquable auteur de « Dans les villages » récidive — toujours avec la complicité de Doug Headline (1), fils de ce célèbre romancier vedette de la Série noire dans les années 1970/1980 — en adaptant, sur 184 superbes pages, ce classique du néo-polar qu’est « Nada » de Jean-Patrick Manchette, aux éditions Dupuis, dans la collection Aire libre…
Ce quatrième roman de Manchette (écrit en 1972 et adapté deux ans plus tard au cinéma par Claude Chabrol) reste, sans doute, son texte le plus politique : il deviendra, d’ailleurs, l’un des emblèmes les plus éclatants de ce mouvement littéraire appelé néo-polar, marqué principalement par des idées de gauche, voire d’extrême gauche.
Un ancien résistant devenu homme de main reprend contact avec une vieille connaissance appartenant au groupe Nada. Il accepte alors d’aider ces militants anarchistes à kidnapper l’ambassadeur américain des États-Unis, alors que ce dernier se rend dans une maison de passe parisienne huppée. Évidemment, rien ne se passe comme prévu…
Chargé de l’affaire, le commissaire Goémond se lance, avec de sérieux indices, sur la piste des ravisseurs : six paumés gauchistes, aux âges et aux parcours bien différents.
La maestria graphique légendaire de Max Cabanes se vérifie une fois de plus sur ce très bel ouvrage qui rend aussi justice aux dialogues ciselés et à l’ironie désabusée de ce grand écrivain disparu trop tôt.
« Nada » par Max Cabanes
Éditions Dupuis (28 €) — ISBN 978-2800162515(1) Profitons-en pour signaler le dernier et très intéressant scénario de Doug Headline, de son vrai nom Tristan Jean Manchette (journaliste, réaliste et cofondateur de la maison d’édition de bandes dessinées Zenda en 1987) : « Midi-Minuit », avec le dessinateur italien Massimo Semerano, également chez Dupuis.
Cette bande dessinée met en scène des passionnés de cinéma bis qui s’apprêtent à se rendre en Italie pour y interviewer le réalisateur Marco Corvo : cinéaste mythique que nul n’a revu depuis vingt-cinq ans, après son dernier film inachevé.
Il faut soutenir Cabanes car nous aurons peut-être un jour la chance de lire la suite de sa merveilleuse série « Dans les villages ».
Et il faut soutenir Doug Manchette car nous aurons peut-être un jour la chance de lire la suite du journal de son père.
Sur le tard, le style graphique de Cabanes se rapproche de celui de … Raymond Moretti ! Extra !