Deux ans après la publication remarquée en 2022 du premier opus de « 1629 : l’effrayante histoire des naufragés du Jakarta » (1), voici la seconde partie : laquelle devrait combler ceux qui se sont passionnés pour ce formidable thriller maritime. Un huis clos éprouvant — inspiré aux auteurs par une histoire vraie déjà adaptée en BD par Jean-Denis Pendanx et Christophe Dabitch (2) — qui renoue avec les grandes séries d’aventures exotiques…
Lire la suite...« Violette Morris, à abattre par tous moyens : Première comparution » par Javi Rey, Bertrand Galic et Kris
Le 26 avril 1944, Violette Morris meurt dans une embuscade organisée par la Résistance sur une route de l’Eure. Championne toutes catégories, la surprenante jeune femme se serait aussi fait connaître durant la Seconde Guerre mondiale sous le terrible surnom de « hyène de la gestapo », pour ses activités d’espionne et de tortionnaire. Mais ce sobriquet n’est-il qu’une vision à posteriori ? Et que savons nous au juste de cette femme ? Entre part de légende, rumeurs et réalités, Javi Rey, Kris et Bertrand Galic rouvrent ce dossier noir pour rétablir la vérité : en 4 tomes annoncés, voici une enquête passionnante sur la vie de cette scandaleuse qui a traversé la moitié du XXe siècle avec rage, impudeur et violence.
Publié en 2016 chez Dupuis, « Un Maillot pour l’Algérie » avait déjà permis au dessinateur Barcelonais Javi Rey de s’associer aux scénaristes Kris et Bertrand Galic (voir « Nuit noire sur Brest », réalisé avec Damien Cuvillier) pour conjuguer leurs passions de l’Histoire, du dessin et du sport. Suivant ici le récit de Marie-Jo Bonnet, spécialiste de l’histoire du lesbianisme et autrice de « Violette Morris, histoire d’une scandaleuse » (Perrin, 2011), la même équipe s’est donc lancée sur les traces du destin pour le moins houleux d’une femme hors du commun.
Née en 1883 dans un milieu bourgeois, Violette devient ambulancière durant la Première Guerre mondiale. Avec son très fort caractère, sa volonté émancipatrice, ses vêtements masculins, ses cheveux courts, son franc-parler et son homosexualité affichée, la « Morris » ne passe pas vraiment inaperçue. De 1912 à 1935, cette force de la nature (1 mètre 66 et 74 kg) entame en outre un incroyable parcours sportif. Natation, water-polo, athlétisme, football, cyclisme, sport automobile, aviation et même boxe, rien ne lui résiste : dès 1913, elle affronte ainsi les hommes sur le ring dans des tenues légères qui laissent apparaître toute sa physionomie féminine ! Le scandale est triple pour nombre de commentateurs et d’observateurs finement vertueux : une femme dans un sport viril, avec une tenue inappropriée et dans un cercle exclusivement masculin… S’en est trop pour l’époque : en 1930, Violette perdra ainsi son procès visant à la reconnaissance du port du pantalon par les femmes.
Dans ce premier tome de 60 planches, c’est à travers le personnage fictif de Lucie Blumenthal (une ex-avocate juive devenue détective privée) que les auteurs démarrent leur enquête : l’assassinat de cette « femme à abattre immédiatement par tous moyens » (selon les termes du message apparemment envoyé aux responsables de la résistance normande) est-elle un règlement de comptes, une vengeance, une erreur (était-elle vraiment visée ?)… ou le procès criminel d’une « vie de débauche » ? Tuée dans sa Traction Avant Citroën avec cinq autres personnes (le couple de charcutiers Bailleul, convaincus de faits de collaboration, leur gendre et leurs enfants de 13 et 15 ans), Violette sera aussi bien la plus grande championne omnisport française qu’une amie de Cocteau et Jean Marais durant la drôle de guerre : derrière l’histoire trouble et énigmatique d’une femme qui voulait vivre comme un homme, un destin s’était longtemps évaporé. Archives et photos (aussi nombreuses que les records de cette féministe garçonne) n’avaient conservé durant des décennies que le souvenir distordu et traumatisant d’une légende noire. Afin de préciser les contours de leur drôle d’héroïne, entre portrait à charge et à décharge (le visuel de couverture résumant à lui seul cette multitude de points de vue) Kris et Galic savent poser les bonnes questions, relayées via Lucie Blumenthal : « Je voudrais être certaine que Violette Morris n’a pas été tuée, elle aussi, pour ce qu’elle était : une femme comme les autres hommes, homosexuelle, d’une liberté absolue et par la même scandaleuse ». Gageons que les réponses, humaines et éclairantes, seront apportées à bon escient dans les trois volumes à venir…
Philippe TOMBLAINE
« Violette Morris, à abattre par tous moyens : Première comparution » par Javi Rey, Bertrand Galic et Kris
Éditions Futuropolis (16,00 €) – ISBN : 978-2-7548-2165-0
Violette Morris, icône féministe LGBT. Le rêve de certaines, Marie-Josèphe Bonnet en tête? Seulement il faut estomper une certaine période obscure de sa vie. Pour ça, Violette peut compter sur Marie-Jo. Au final, on apprendra qu’elle n’était qu’une simple employée du garage Pershing où les gars de la gestapo venaient faire réparer leurs autos et de temps en temps ils lui filaient les clefs histoire d’aller faire les courses au marché noir en province. Violette Morris simple victime collatéral. Mais alors, cette tache brune qui lui colle à la peau n’était que du cambouis et pourquoi pas (soyons fous!) une couverture pour ses activités de résistante!
Vivement Violette Morris, grande résistante, au panthéon!
Ce n’est pas moi qui le dis mais Caroline De Haas, militante féministe
à 12 mn15s.
http://www.europe1.fr/mediacenter/emissions/europe-matin-thomas-sotto/sons/europe-matin-thomas-sotto-02-09-13-1626995
La réécriture de l’histoire est en marche.
On va attendre la lecture des 4 tomes avant de dire que c’est une réécriture de l’histoire. Quant a Marie-Josèphe Bonnet elle est histoirienne ce qui à certainement aidé pour cette bd en 4 tomes.
Franchement, Je ne parle pas une seule fois de la bande dessinée dans mon message alors ne me faites pas dire que je la présente comme une réécriture de l’histoire. Par contre, j’ai beaucoup lu sur Violette Morris et notamment le livre de Marie-Josèphe Bonnet qui sert de base pour cette bande dessinée. Donc je devine quand même la triste fin de celle-ci (version Bonnet). Oui, Marie-Josèphe Bonnet est historienne et grande féministe. Elle veut clairement réhabiliter Violette Morris. Mais combien d’ historiens s’opposent sur cette période sombre de l’histoire.
Alors après le livre et la bande dessinée, nous aurons peut-être le film « Violette Morris » avec pourquoi pas Marilou Berry dans le rôle titre.
Le dernier livre de Marie-Jo Bonnet, ou elle donne visiblement sa version concernant le mouvement féministe, a pour titre « Mon MLF ». Certaines féministes ne partageraient pas sa vision?
Alors plutôt que « Violette Morris, histoire d’une scandaleuse » pourquoi pas « Ma Violette Morris ».
Concernant ma petite pique: « La réécriture de l’histoire est en marche! »; elle est avant tout à l’encontre de Caroline De Hass et ses propos: « Violette Morris, résistante ». Je demande les preuves.
Désolez si mon message n’était pas clair et ainsi j’espère avoir régler le malentendu.
Mauvais point pour la planche 3 présentée ici, vignette où l’on voit un car de police Chenard & Walker-Peugeot, un modèle surnommé « nez-de-cochon » dans les années cinquante (avec gyrophare !), dans une scène se déroulant en 1944/1945 ? Aïe.
Bonjour Lorenzo,
merci pour votre message, même s’il peut laisser penser effectivement (le premier message) que vous condamnez la BD par avance (ce tome 1 s’attachant avant tout à la jeunesse et aux débuts sportifs de Violette Morris, tout en s’interrogeant sur l’attentat raté du matin du 26 avril 1944 contre elle, tel qu’il est décrit par Raymond Ruffin dans son livre sur Violette, « La hyène de la Gestapo », titre évocateur s’il en est…).
Mais vous dites avoir beaucoup lu sur Violette Morris. Or, je serai curieux de connaître justement vos lectures avant de vous répondre plus avant. pouvez-vous me les préciser ?
Enfin, ce récit ne va pas apporter beaucoup de réponses à ce stade mais bel et bien poser des questions… Comment et pourquoi un tel personnage passe ainsi de la lumière à l’ombre ? (car, n’en doutons pas : si Violette Morris était morte en 1939, elle aurait aujourd’hui des stades ou des salles à son nom, bien plus que Suzanne Lenglen). C’est même LE principal moteur de mon intérêt pour cette histoire et qui a présidé à la naissance de ce récit.
Au vu de mes précédents livres, de mon propre parcours personnel et militant, enfin de mon histoire familiale blindée de résistants et de Français Libres (et pas de la 25è heure), je pense qu’on peut nous laisser le bénéfice du doute sur le fait de poser les bonnes questions au fil de notre enquête. Mais je le sais déjà : il y en beaucoup qui fâchent.
Bien à vous,
Kris.
Bonsoir Kris,
Voici la liste de mes « lectures » sur Violette!
Ils y a les 2 livres de Raymond Ruffin (détrompez-moi, mais encore aujourd’hui si on parle de Violette Morris je crois que c’est pour beaucoup grâce à lui. Je dis bien grâce et non à cause!) , Christian Gury: son premier (dont je n’aime pas le titre), pas son deuxième: « La péniche » que je possède mais que je n’ai toujours pas lu. Le livre de Francine Prose (on peux s’en passer). Il y a un livre dont je ne me souviens plus ni du titre ni de l’auteur (sortie dans la foulée du premier Ruffin) et celui de Marie-Josèphe Bonnet. Si vous en avez d’autres non cités, je suis preneur.
Vous dites « vouloir me répondre plus avant ». Je vous réponds « non,non,non! »
Je préfère d’abord lire « votre Violette ».
Sachez que si j’ai lu ces livres, c’est parce que depuis la lecture de « La Diablesse » je rêve de cette histoire en bande dessinée! Je suis curieux de voir comment vous allez faire parler Violette.
Votre famille comprends nombre de résistants. Si il existe des livres (biographies, autobiographies), je suis là aussi preneur.
Amitiés
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre abandon de la tentative de réhabilitation de Morris suite à de nouveaux documents reçus, ainsi que vous l’affirmez pendant le court entretien que vous avez donné à Blois ?
Hello Lorenzo,
d’accord, je ne vais pas bcp plus loin. Sauf sur Ruffin : on parle de Violette Morris ainsi, principalement malheureusement bien « à cause » de lui. Ce n’est pas un livre d’histoire, c’est du roman. Constitué à partir de témoignages dont l’auteur ne cite strictement AUCUNE source, aucune consultation d’archives, rien. Il faudrait lire à ce sujet Alain Corblin, ancien secrétaire de l’amicale du maquis Surcouf et qui a édité successivement depuis 2014, le journal de Robert Leblanc, chef du maquis, sa comptabilité pendant la guerre et surtout le journal de Simone Sauteur, alias « Puce », secrétaire du maquis. Ces documents, et surtout les archives dès lors qu’on veut bien les fouiller, détruit totalement TOUT ce que raconte Ruffin sur l’attentat ayant coûté la vie à Violette Morris. Je passe sur la complaisance de ses titres (l’expression « La hyène de la Gestap’ « , forgée donc des décennies après la guerre est de lui) ou sur des pages et ds pages décrivant complaisamment, dialogues maginaires à l’appui, les fameuses tortures qu’auraient perpétré Violette sur des résistantes (comme le passage où elle défèque dans la bouche des résistantes…). Bref, réhabiliter Violette n’est pas à l’ordre du jour de nos découvertes et elle grenouillait clairement dans les milieux de la collaboration (ce qui n’enlève rien à sa vie d’avant pour autant). Mais poser des questions sur cette légende noire et la façon dont on continue de raconter, 70 ans après, l’histoire des années noires, ça oui. J’espère donc que cette série, au fil des albums, sera aussi stimulant intellectuellement que passionnant à écrire (et à lire, j’espère aussi…).
Pour mes aïeux, je travaille à un projet modestement intitulé « Mon arrière-grand-père, mon grand-père, De Gaulle et moi ». Qui tentera, là aussi de façon particulière, de reconstituer l’itinéraire de mes aïeux, mais aussi de plusieurs dizaines d’autres personnages dans la France Libre ou Résistante, à travers les souvenirs qu’ils nous ont laissé, nous la 2è ou 3è génération (d’où le « et moi » du titre). Sinon, ils s’appelaient Henri Hennebaut, capitaine au Bataillon de Marche N°5 de la France Libre, ayant rejoint l’Angleterre le 19 juin 1940 et engagé dans les FFL le 2 juillet (de là, il a suivi le parcours classique, depuis l’Afrique aux Vosges, en passant par l’Italie). Et Guy Hennebaut, entré en résistance à l’âge de 17 ans en 1942, au sein du réseau Défense de la France, où il faisait partie des corps francs et qui combattit jusqu’à la Libération de Brest avant de s’engager ensuite dans l’armée jusqu’à la fin de la campagne d’Allemagne.
Bien à vous,
Kris.
Hello Kris,
Merci pour vos infos. Je viens de consulter votre bibliographie, impressionnante! Je suis déçu de vous découvrir aussi tard! Je viens de lire le dossier (de presse?) « Un homme est mort », quelle aventure! Il y a aussi » Un maillot pour l’Algérie » . 2 albums de plus que je dois lire.
Concernant « Mon arrière-grand-père, mon grand-père, De Gaulle et moi »; Vous pensez raconter l’histoire en combien d’albums, si ce n’est pas indiscret?
Amitiés.
A Lorenzo (toujours ) : Hmm, difficile à dire encore car c’est un projet de longue haleine, sur lequel je collecte de la documentation depuis des années. Sans doute trois volumes (avant-guerre/1940 ; 1941-1943 ; 1944-1946). Mais contrairement à Violette, nous serions bien plus dans des formats de roman graphique de 200 à 300 pages…
Quelle fresque! Vous pouvez déjà compter sur un lecteur.
Je découvre le site de la société de Lisieux et les livres de Alain Corblin, C’est incroyable de trouver des documents pareils! Je vais contacter ce monsieur qui visiblement diffuse lui même ses livres.
J’ai une dernière question. Accepteriez-vous que je vous envoi mon mail via un courrier papier adressé à votre éditeur? J’aimerai vous contacter en dehors de bdzoom.
Amitiés.
Hello Lorenzo,
Vous pouvez me joindre sur ce mail : tigo@club-internet.fr (ça sera plus rapide, je me méfie des courriers à transmettre via mon éditeur, qui peuvent toujours se perdre dans la masse des courriers reçus…)
Amitiés,
Kris.