C’est avec exigence qu’Emmanuel Moynot construit, depuis une quarantaine d’années, une riche carrière où se côtoient des albums classiques (sa reprise de « Nestor Burma », par exemple) et des one-shots aux motivations plus ambitieuses, tel le présent album. Un polar noir et cynique où il établit avec force détails le parallélisme entre le quotidien des babouins africains et le comportement parfois violent de certains individus de notre monde contemporain.
Lire la suite...« Goldfish » T1 par Nana Yaa
Depuis qu’elles ont été rachetées par Pika, les éditions Nobi-Nobi multiplient les sorties manga à destination d’un public très jeune. Et certaines bandes dessinées ressemblantes à des mangas ne viennent pas du Japon, mais bien d’Europe à l’instar de « Goldfish ». C’est l’œuvre d’une jeune dessinatrice Allemande, fan des héros de Shonen Jump : « One Pièce », « Naruto », « DragonBall », mais également « Ranma 1/2 » de l’éditeur concurrent. Sa création est donc un concentré d’humour et d’aventures dans la pure tradition japonaise.
Fils d’aventurier, Morrey Gibbs est aujourd’hui orphelin. Le jeune homme vit dans un monde submergé par les océans. Il est donc tout naturellement pêcheur. Shely est également une aventurière en quête des nombreux artefacts disséminés sur toute la planète. Un scanner de son invention la guidera vers le jeune Morrey qui, elle ne le sait pas encore, a avalé un artefact qui vaut son pesant d’or : la potion du roi Midas. Du coup, tout ce qu’il touche avec ses mains se transforme en or pur. Mais si ce pouvoir semble intéressant du point de vue monétaire, il est quand même difficile à vivre au quotidien comme le montre bien la suite de leurs aventures.
Le début de l’histoire est un peu laborieux avec la mise en place des éléments de ce monde nouveau, mais également l’explication des pouvoirs du jeune héros, la description des dangers apparaissant sous forme de créature mutante et des nombreux autres faits inhabituels pour le jeune lectorat. Passé ces inévitables clarifications, la quête qui va s’ensuivre devient bien plus prenante. La série étant courte – seulement trois tomes -, il est logique de ne pas traîner pour mettre en place un monde cohérent, bien éloigné de notre mode de vie urbain. Mais on sent bien que la jeune dessinatrice allemande ne maîtrise pas encore toutes les ficelles de la narration en manga. Cela manque de simplicité et il est facile d’être perdu à la première lecture. Néanmoins, passé le premier chapitre, tout se remet naturellement en place et l’aventure peut ainsi débuter.
Nana Yaa sait attendrir son public avec un héros malicieux et un peu maladroit. Son coté espiègle tranche avec celui bien plus mature de sa camarade d’aventure à la fois intelligente (elle fabrique des gadgets utiles) et globe-trotter puisqu’elle n’hésite a pas a se déplacer pour espérer faire une découverte archéologique mémorable. Ce duo étant affublé d’une loutre de compagnie qui sert principalement à sortir Morrey des mauvais pas ou tout simplement l’habiller, car il ne peut pas toucher son propre pantalon sous peine de revêtir une culotte d’or peu confortable.
Beaucoup d’influence dans ce manga. Le début fait un peu penser à la rencontre entre Sangoku et Bulma. La quête sur les mers du globe peut rappeler l’univers de « One-Piece ». Et le duo de méchants semble tout droit sorti de la Team Rocket dans « Pokemon ». Bien sûr, il y a également l’exploitation du mythe du roi Midas qui rêvait que tout ce qu’il touche se transforme en or. Rêve qui a tourné au cauchemar dans la légende et qui est ici très bien contourné puisque seules les mains du héros sont capables de transformer ce qu’il touche. Point bonus avec la présence de la loutre pour effectuer les tâches demandant l’utilisation des mains.
Nana Yaa a quand même su développer son propre univers et sa postface explique parfaitement son cheminement créatif. On y découvre les premières esquisses de ce monde imaginaire, le cheminement pour la création du costume du héros ainsi que les attitudes de son serviteur, la loutre. Y est également dévoilée une recherche de rendu pour un des personnages transformé en or. Un chalenge pour un manga exclusivement en noir et blanc ! Défi relevé avec brio, les reflets du précieux métal sont là et impossible de passer à coté…
Bien sûr, ce qui attirera en premier le jeune lecteur, ce sera indéniablement cette couverture brillante imprimée sur un papier métallisé du plus bel effet. Un excellent choix qui nous met immédiatement dans l’ambiance. Avec seulement trois volumes pour la série complète, les plus jeunes lecteurs devraient y trouver leur compte d’aventures et d’action.
Gwenaël JACQUET
« Goldfish » T1 par Nana Yaa
Éditions Nobi-Nobi (7,90 €) – ISBN : 9782373491531