Le 3 décembre dernier à Strasbourg, le Conseil de l’Union européenne a approuvé le déclassement du loup dans l’échelle des espèces animales à protéger. Il est ainsi passé d’espèce « strictement protégée » à « protégée », ce qui a pour conséquence de faciliter son abattage. La raison invoquée pour cette modification est une mesure de protection du bétail face à une augmentation de la population lupine. Invité sur le plateau de Millevaches durant une année, le dessinateur Troubs s’est penché sur la question de la cohabitation entre le loup et l’homme… et rend compte de ce travail.
Lire la suite...Druuna : quinze ans après…
Née en 1985 dans les pages de Charlie Mensuel la sculpturale Druuna a mis à mal la libido de plus d’un lecteur du journal depuis peu racheté par les éditions Dargaud. Revenue en 2016 du purgatoire des héroïnes de papier grâce à une version intégrale publiée aux éditions Glénat, la troublante créature de Paolo Eleuteri Serpieri vit enfin de nouvelles aventures… quinze ans après.
Dans un monde à l’abandon où vivent mutants et humains dévoyés, la pulpeuse Druuna promène son corps dénudé dans les vestiges d’une cité dont elle est le dernier signe d’humanité. Astéroïde artificiel dirigé par un ordinateur devenu incontrôlable, la Cité évolue autour de la Terre détruite par un séisme. Au fil des pages le lecteur suit la plantureuse jeune femme dont le seul but est de permettre à son amant Shastar de survivre au mal qui peu à peu le transforme en un être monstrueux. Impudique, elle se vend pour obtenir le précieux sérum artificiel qui retarde la fin de Shastar. De son trait réaliste et précis, Paolo Serpieri signe une oeuvre hors norme à l’érotisme débridé. Seul son immense talent lui évite de subir trop rudement les foudres d’une censure particulièrement active en cette fin de millénaire. Aux huit albums édités par Dargaud puis Bagheera entre 1986 et 2003 s’ajoutent des ouvrages classés X dont les illustrations et croquis permettent de tout savoir du corps et des amours de la belle héroïne.
C’est en 2016 que les éditions Glénat ont proposé une série de quatre intégrales réunissant les huit volumes déjà publiés et depuis longtemps épuisés. Un album paru la même année : « Anima », présente une histoire sans parole qui convie le lecteur à retrouver la belle avant son séjour sur la Cité. Un prequelriche en découvertes, mais qui ne dit rien sur son avenir. C’est chose faite avec ce neuvième volume « officiel » de 96 pages qui nous permet de découvrir Druuna surgissant des ténèbres, atterrissant dans un monde verdoyant ressemblant aux grandes plaines du passé. Au cours d’une marche solitaire, elle croise un indien au curieux langage, des conquistadores belliqueux, des corps sans vie d’où surgissent des monstres hideux mais aussi un gnome, en fait un robot particulièrement évolué, qui la conduit jusqu’au portail d’une ville souterraine dont les décors sordides évoquent la Cité. C’est là que vit son double, Anima, en compagnie du Doc. Druuna qui rêve d’immensités sans frontières, loin des machines, persuadée qu’elle est un être de chair et de sang, part à la recherche des populations nomades qui vivent au-delà de « la grande barrière ».
Si Druuna promène toujours sans complexe son corps somptueux, pas la moindre séquence chaude à se mettre sous la dent au fil de cette nouvelle quête somme toute plutôt chaste. Une séquence «Archives » comble cette lacune avec quelques images très chaudes et la reproduction d’une dizaine de pages de crayonnés en version originale. Tout au long de planches superbes, la main du maître italien aujourd’hui âgé de 74 ans n’a rien perdu de son habileté, ciselant avec amour le corps voluptueux de sa créature de papier.
Né en 1944 à Venise, Paolo Eleuteri Serpieri débute comme peintre tout en professant l’art pictural. C’est en 1975 qu’il aborde la bande dessinée avec le scénariste Raffaele Ambrosio, livrant des westerns aux magazines Lanciostory et Skorpio (réunis en France dans une série d’albums publiés aux éditions Mosquito). Après avoir collaboré à divers magazines, il crée « Druuna » en 1985 pour Charlie Mensuelen France et L’Eternautaen Italie. A l’écart de la bande dessinée depuis quelques années, il y revient en illustrant le premier épisode d’une histoire de Jean Dufaux « Les Enfers » parue en 2007 aux éditions Robert Laffont. Il retrouve Druuna en 2016 aux éditions Glénat, série vendue à plus d’un million d’exemplaires et traduite en 20 langues.
Un retour qui ne déçoit pas et dont on espère une suite avant quinze ans !
Henri FILIPPINI
PS : sur Paolo Eleuteri Serpieri voir le « Coin du patrimoine » qui lui a été consacré par Gilles Ratier : Les westerns de Paolo Eleuteri Serpieri.
« Druuna T5 : Celle qui vient du vent » par Paolo Eleuteri Serpieri
Éditions Glénat (15,50 €) – ISBN : 9 782344034835
Cela semble magnifique, comme d’habitude. Mais pourquoi « pas la moindre séquence chaude à se mettre sous la dent au fil de cette nouvelle quête somme toute plutôt chaste »?
Manque d’intérêt de l’auteur pour la chose, en progressant dans l’âge? Prise de conscience que les séquences cinéma les plus torrides sont visibles gratuitement sur les hubs? Ou tout simplement désir de ne pas offenser les ligues de féministes aigries, ou de bénéficier d’une diffusion tout public?
En même temps, ce genre de scène n’apporte rien à l’intrigue donc autant ne pas en mettre.
Vous n’avez qu’à regarder ce que coûte un orginal sexy de Serpieri par rapport à un plus chaste (avec des indiens habillés par exemple).
Concernant le coté sexy des albums Druuna, ce qui est intéressant, c’est que cette jolie femme est parfois en butte à des monstres extra-terrestres. Science-fiction érotique, donc avec des mi aliens-mi-Ctulhu. C’est quand même un pu plus original que si elle se faisait ramoner par Rocco Siffredi ou un de ses frères.
Serpieri avait des problèmes de santé, je crois,il est revenu à un très bon niveau avec la pratique régulière même si compositions sont moins sophistiquées.
Druuna a un peu perdu la forme,par moment sa taille s’ est un peu épaissie et son dos a perdu son V,ses fesses son moins hautes, les proportions s’echappent,pas bien grave .
Surtout, et les remarquables dernières pages qui reprennent en version noir et blanc celles de l’album le confirment, les couleurs du fin aquarelliste qu’est Serpieri contrarient passablement la qualité du travail sur le trait du maître. Un de ses points forts.
Curieux.