Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...Soif… de Sibérie !

À force d’explorer le monde, certains aventuriers finissent bien par comprendre que ce qui les pousse, c’est l’ambition de s’explorer soi-même, découvrir qui l’on est, loin de ce que l’on est d’ordinaire. Rien de mieux que l’extraordinaire pour cela et l’extraordinaire, c’est précisément la vie ordinaire des autres. Sylvain Tesson l’a bien compris et cette adaptation de son séjour « Dans les forêts de Sibérie », paru en 2011, le démontre aisément (et son prix Renaudot, tout neuf pour « La Panthère des neiges, également ! ).
En 2010, Tesson décide d’aller s’isoler pendant plusieurs mois, dans une cabane au bord du lac Baïkal, y « profiter » de l’hiver et du printemps, de ses neiges silencieuses, de son lac gelé et miroitant, de son silence… Et profiter de ce silence pour lire, pour écrire et pour s’écouter vivre, sans pression civilisatrice, juste la nécessité de couper du bois, de faire du feu, de s’alimenter.
Adapter en bande dessinée un tel récit, fort bien écrit au demeurant par Tesson, relève de la gageure, mais Virgile Dureuil signe ici dessin et couleurs d’un premier album d’une étonnante virtuosité. Certes, ses dessins illustrent les phrases de Tesson ou les commentent visuellement, le plus souvent, tant il est difficile de mettre en séquences des états-d’âme. Cela arrive cependant lors des rencontres ou de certaines échappées en pleine nature.
L’environnement sauvage et sylvestre, glacial et vide, démesuré, donne la mesure du courage qu’il faut pour y vivre, même six mois. Les épreuves sont constantes, souvent imprévisibles. Et l’on ressort de ce
s images tantôt sereines, tantôt inquiétantes avec la sensation d’avoir partagé une expérience qu’on est probablement très nombreux à ne pouvoir soutenir. Ceux qui n’ont pas déjà lu le récit de Tesson s’y jetteront sûrement, avec en prime les images de Virgile Dureuil dans la tête…
À propos de Sibérie, rappelons que la toute nouvelle revue « Soif ! » (déjà présentée sur BDzoom.com) s’ouvre précisément sur les réflexions suivantes : « Qui pour travailler et vivre en Sibérie ? Comment habiter l’Arctique ? » : 7 pages de BD et 3 pages d’infos répondent à cette question et complètent à leur façon l’album de Tesson et Dureuil.
Bon voyage !
Didier QUELLA-GUYOT ; http://bdzoom.com/author/DidierQG/
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« Dans les forêts de Sibérie » par Virgile Dureuil et Sylvain Tesson
Éditions Casterman (18 €) – ISBN : 9782203198821
Un grand merci ! Vous m’avez donné l’envie de découvrir cette bande dessinée !